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Olivier Barlet
294 abonnés
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4,0
Publiée le 4 août 2021
Que dire alors de ce réfugié irakien confronté à ces "chasseurs de migrants" virilistes qui prennent les armes à la frontière entre Turquie et Bulgarie pour chasser comme du gibier ceux que les passeurs font passer la frontière à travers bois ? Cette "Chasse du Comte Zaroff" malheureusement trop réelle montre à la fois l'énergie de survie et l'inventivité d'un homme pourchassé, sans dialogue et filmé le plus souvent de dos au point de nous cacher ce qu'il voit, faisant penser au "Fils de Saul" de László Nemes. Là aussi, un requiem : "la seule façon de rester vivant est de vivre en zigzags", note aussi Mbembe. Cependant, comme les esclaves marrons, les migrants ne perdent pas l'espoir et vont jusqu'au bout de leur fuite. Parce que pour transmettre un tel vécu prime l'expérience, Haider Rashid pousse l'immersion à bout : nous accompagnons Kamal tout le film, l'entendons souffler ou gémir, écoutons ses pas, suivons son parcours proche du joueur de foot qui se fraye un chemin sur le terrain évoqué par son T-shirt Salah ! Dans ce cinéma muet, la bande-son est essentielle : elle suit la caméra, allant jusqu'à opérer des rotations avec elle. Kamal dit une sourate commune en donnant une sépulture à un chrétien : sur la route se construisent les ouvertures et les solidarités. Mais s'il est surtout seul dans le film, il est pour nous tous ceux qui tentent le passage, à l'assaut de la forteresse Europe. L'équipe est restée dans la forêt tout le temps du tournage, pour une immersion totale et faciliter la nôtre. (compte-rendu du festival de Cannes sur Africultures)