Hideo Nakata est un maître de l'horreur. Sur son Ringu, le réalisateur joue avec les sons, terriblement angoissants et pourtant pas exagérés ou mis en évidence : tout en restant discrets, ces sons venus d'ailleurs terrifient tant ils ne sont pas identifiables à quoi que ce soit, pas reconnaissables. Nakata ne se contente pas de travailler sur les sons, il utilise aussi des images simples, sans effets numériques sauce blockbuster mais simplement des miroirs, des personnes dont le visage reste caché etc. Nakata n'a pas besoin du superflu pour faire peur : aucun auteur n'en a besoin. Le metteur en scène japonais, derrière son puissant volet horrifique qui plongera longtemps dans l'angoisse d'une vidéo sans titre ou d'un coup de téléphone, signe un véritable drame familial (comme il le fera de nouveau dans Dark Water). En effet, Ringu, c'est l'histoire de deux familles détruites : la famille de Sadako (terreur étonnante de simplicité, une fille aux longs cheveux noirs cachant son visage) et la famille du protagoniste, qui connaît une séparation et maintenant, une malédiction. Hideo Nakata, pour souligner ce drame derrière son épouvante, ne fait presque rien, et c'est tant mieux. Ainsi, les scènes familiales sont dramatisées mais plutôt subtilement : le réalisateur ne perd pas de vue son but, terroriser littéralement son public. C'est chose faite : là où le metteur en scène en fait peu, le remake américain en fera beaucoup ; là où Nakata se donnera la peine de ne pas éterniser son récit, de ne pas jouer avec trop de personnages pour créer un huis-clos, le remake américain utilisera intrigue, sous-intrigues, scènes rajoutées, personnages rajoutés, et effets spéciaux inutiles à l'ambiance du film. Le maître japonais peut être fier de son long-métrage, Ringu. Un chef-d'oeuvre d'épouvante.