Vu sur ARTE samedi soir 23/08/24 ce film admirable de justesse et de délicatesse; certes, je suis née à Djibouti et y ai vécu 8 années en discontinu jusqu'à 16 ans, mais eu la chance extraordinaire d'avoir sillonné ce pays dans tous les sens ; ayant pris le film en cours de route, j'ai immédiatement reconnu les types physiques et l'habillement typique des autochtones-(les foutas des homes et les voiles colorés des femmes) comme on disait autrefois, tout en me demandant si c'était Mogadiscio ou même Zanzibar : puisles vues du grand Bara, les rochers, le sec partout, les acacias épineux, les palmiers de Loyada, la vieille mosquée, les arcades du marché, le port ..quant à la tong déchirée, ce n'est pas une simple histoire de chaussure, mais bien la réalité de qui n'est plus un nomade pied nus avec dromadaire et bâton en travers des épaules... la dureté de la vie sous ces tropiques arides explique celle des règles tribales et familiales de la culture somalie, inimaginable en France ; et puis, malheureusement ce qu'est devenu cette ville, refuge de tant de déracinés d'Ethiopie ou de Somalie, à l'image de tous les bidonvilles du monde, la misère au jour le jour pourtant vécue avec dignité et sourire, amour aussi, pas que la violence,pourtant omniprésente... je n'en n'ai pas dormi, tant j'ai été bouleversée par la sensibilité et la justesse de ton du film, comme l'évidence pour moi de la comparaison de vécus si différents, eux et nous :bravo au réalisateur, lui aussi entre deux mondes: il a exprimé ce que je ressentais à 9 ans comme à 15, puis après mon retour "en métropole" où je me sens aussi une déracinée depuis quasi 60 ans.Tant l'expérience de la jeunesse marque à vie.Je dédie mes pensées à Amina Aboubaker, disparue trop tôt, qui fut une de mes amies de classe et qui promut l'école pour tous les enfants de ce pays. L'université de Djibouti porte son nom et j'en suis fière et heureuse pour elle et sa famille.