Grosses ficelles et bonnes intentions
Et c’est reparti pour un tour avec le choc des cultures. Cette fois, pour son 1er film, Claude Zidi Jr, n’a pas pris trop de risques en mettant en haut de l’affiche le nom de MB14, star du rap, de The Voice et de toute une génération. Ces 100 minutes de comédie sont tout à la gloire du jeune rappeur de 27 ans. Tout cela est d’un convenu confondant, mais néanmoins sympathique. Antoine, jeune banlieusard parisien, suit des études de comptabilité sans grande conviction, partageant son temps entre les battles de rap qu’il pratique avec talent et son job de livreur de sushis. Lors d’une course à l’Opéra Garnier, sa route croise celle de Mme Loyseau, professeur de chant dans la vénérable institution, qui détecte chez Antoine un talent brut à faire éclore. Malgré son absence de culture lyrique, Antoine est fasciné par cette forme d’expression et se laisse convaincre de suivre l’enseignement de Mme Loyseau. Antoine n’a d’autre choix que de mentir à sa famille, ses amis et toute la cité pour qui l’opéra est un truc de bourgeois, loin de leur monde. Plutôt bien réalisé et interprété, le film n’ennuie pas mais ne surprend jamais, malgré quelques moments d’émotion. A voir, mais pas indispensable.
Même si cette comédie n’échappe pas aux clichés du genre, son principal handicap est l’invraisemblance. Le scénario ne tient pas debout très longtemps. Si la rencontre entre les deux univers reste plausible, la progression fulgurante du jeune homme dans le domaine du chant lyrique tient du grand n’importe quoi. Quand on sait les années et les années de travail qu’il faut pour « fabriquer » une voix opératique, les amateurs d’opéra – dont je fais partie -, ne marcheront pas un seul instant. Quand au final, très émouvant au demeurant, sur le Nessum Dorma de Puccini, est au-delà du miracle. Et s’il est un domaine où on ne croit pas trop aux miracles, c’est bien celui de l’art lyrique. Le déterminisme social ne peut tout expliquer. Bon, à part cet énorme hiatus, le film se laisse regarder et n’a rien de déshonorant. On aimerait revoir Zidi Jr avec un sujet un peu moins convenu.
Michèle Laroque joue sa partition avec l’aisance et l’abattage qu’on lui connaît… une valeur sûre. Face à elle notre rappeur MB14, grand fan de musique classique depuis de nombreuses années, était ravi de s'essayer à ce registre. Le reste d’un casting est à la hauteur avec Guillaume Duhesme, Maëva El Aroussi, Stéphane Debac et même Roberto Alagna himself. Parler de préjugés, de transmission et de diversité n’est jamais vain, même si, en l’occurrence, les ficelles sont énormes. Mais rien que ce final avec Turandot qui vous arrache une larme, prouve qu’une fois encore c’est bien cette musique immortelle qui sait créer l’émotion… la vraie !