Je me suis laissé tenter par Le Masque de l’araignée, en particulier par la présence de Morgan Freeman, en général bon acteur. Finalement, et en dépit d’un début qui laisse pantois, c’est un suspens bien emballé, que j’ai apprécié de plus en plus jusqu’à son final.
Le début laisse pantois en effet, pour quelques raisons. D’abord une scène d’accident numérique d’une laideur incroyable. On se dit, ça y est, Tamahori va nous assener ce qu’il aime bien, c’est-à-dire des scènes à effets spéciaux pourris tout le film. Heureusement non, c’est la seule ! Pantois aussi à cause de l’aspect totalement pas crédible du passage au lycée. Mais le film parvient à renverser la vapeur. D’abord grâce à son casting. Si comme souvent Freeman n’est guère critiquable, et campe avec puissance son personnage de profileur (bien que ce personnage soit un peu versatile), néanmoins il faut avouer que Monica Potter est terrible ici. Elle tire son épingle du jeu sans difficulté, et il y a plusieurs séquences avec son personnage qui sont quand même très sympas, surtout vers la fin. Petite erreur de casting à mon sens pour Gary Soneji, l’acteur étant trop lisse, mais enfin c’est compensé par de solides seconds rôles dans l’ensemble. Notamment Mika Boorrem, excellente actrice enfant ici.
Le scénario est aussi finalement une bonne surprise. Bien conduit, rythmé, malgré un petit manque de scènes fortes quelquefois, le dénouement résout au bout du compte pas mal des soucis d’incohérences ou de lacunes perçut au fil de l’histoire. L’aspect divertissant est assuré, et le film profite quand même bien de personnages solidement écrit, ce qui rend leurs histoires intéressantes. Bon il y a une ou deux petites facilités, mais enfin rien de bien méchant.
Tamahori ne loupe pas non plus sa mise en scène. En dépit de son gros moment de n’importe quoi au début du film, il se tient à carreau, et arrive à la fois à trouver une mise en scène nerveuse et lisible, qui fait notamment de petits miracles lors des scènes de tension, lors des moments phares. J’ai apprécié que Tamahori prenne bien son film comme un suspens, et s’amuse à distiller ainsi la tension, en sus de l’histoire elle-même. Par ailleurs le film propose une ambiance agréable, un peu sombre mais sans virer au dark non plus, et la photographie est soignée, même si on la sent un peu conventionnelle, assez typique en fait des films du début des années 2000. Quelques pointes de violence surprenante viennent rendre l’ensemble un brin plus incisif que prévu, et la musique est honorable, sans marquer outre mesure les esprits.
En somme je crois que Tamahori a bien compris son film, et que servit par des acteurs convaincants, par une histoire avantageuse, il surprend agréablement. Dans son genre un métrage efficace et divertissant, auquel je donne 4.