Tout le monde a besoin d'amour. Y compris Jaakko, qui est coincé dans son fauteuil roulant. Il faut dire que Jaakko est aveugle, et de plus une sclérose en plaque l’a privé de ses membres inférieurs L'amour de Jaakko, c'est Sirpa. Ils ne se sont jamais rencontrés dans la vie réelle, mais via Internet, ils se parlent tous les jours. Sirpa reçoit des mauvaises nouvelles concernant sa santé. Jaakko décide d'aller la voir immédiatement. Ce n'est pas la décision la plus facile …d’autant que personne n’est disponible pour l’accompagner.
C’est le thème du film de Teemu Nikki, présenté ce week-end au Reflet Médicis, un week-end placé sous le signe du cinéma Finlandais.
La traduction littérale « L’aveugle qui ne voulait pas voir Titanic » se réfère au film de James Cameron, Jaakko est probablement l’un des rares cinéphiles à ne pas l’avoir vu, bien qu’en possédant un DVD encore sous chemise…Jaakko ne jure que par les films de John Carpenter. On présente la vie de Jaakko, dans un appartement aux murs couverts de rangées de DVD, des films que Jaakko ne peut plus voir…
Dans la vraie vie, Petri Poikolainen qui joue Jaakko est atteint de sclérose en plaques laquelle a provoqué sa cécité…C’est un acteur de théâtre, ami du réalisateur.
Ce n’est pas un film sur le handicap, même s’il est doublement présent, Jaakko et son amie Sirpa une gentille dame, également mal-voyante.
Le film a été tourné très vite, il adopte le point de vue d’un homme aveugle et il est assez difficile pour lui de faire un film "normal", avec des plans larges et des gros plans. Le film a été tourné en grande partie chez lui, en plan rapproché sur son visage…le réalisateur lui dictant son texte au fur et à mesure…
Teemu Nikki a voulu montrer le monde comme son héros le voit, comprendre pourquoi il fait ce qu’il fait, d’où la volonté de le mettre au centre, les autres, on ne fait que les entendre, au maximum, on aperçoit un bout de corps par-ci par-là...et dans un flou très marqué… Teemu Nikki n’a pas réalisé un film sur un handicapé, mais sur quelqu’un qui a, entre autres choses, un handicap. On est toujours à son niveau….
C’est un film qui est quand même dur, tant le sujet l’est d’autant que la forme n’a rien d’attrayante…lumière assez glauque, second plan totalement flouté…
Ce film vient de faire sa première mondiale cette année à la Mostra de Venise dans la toute nouvelle section Orizzonti Extra. Il y a gagné le prix du public, ce qui était assez prévisible : lors de sa présentation, le film a été salué par une salve d'applaudissements parmi les plus chaleureux de cette quinzaine vénitienne…il en a été de même au Reflet Médicis…j’en suis sorti avec un certain malaise….