Avant d’être abreuvés jusqu’à plus soif de contes de Noël, que diriez-vous d’un petit conte horrifique d’Halloween ? Bon ok, Halloween est déjà passé mais vous voyez l’idée… Laissez-vous aller à frissonner allégrement, transportés par un film d’horreur irlandais - films trop rares à l’écran donc précieux alors ouvrez vos chakras et laissez-vous bercer par « Samhain »…
Bercer ? Pas trop en fait. Ou alors un bercement grinçant, crissant comme de la craie blanche sur un tableau.
Samhain est une pastille envoûtante, captivante, subtile. On frissonne parfois, on s’inquiète beaucoup et surtout on tente de se rassurer comme on peut.
Prix du jury à Gérardmer et premier long-métrage de sa réalisatrice Kate Dolan, « Samhain » arrive sur les écrans auréolé d’un bouche-à-oreilles élogieux. Pour la petite note culture, « Samhain » (littéralement Novembre en Irlandais) est une fête celtique qui se situe la nuit du 31 octobre au 1er novembre (oui comme Halloween). C’est une fête de transition — le passage d’une année à l'autre — et d’ouverture vers l’Autre Monde, celui des dieux et des esprits.
« Samhain » est ce qu’on appelle généralement un « coming to age » (une histoire de passage de l’adolescence à l’âge adulte), un film de transition donc où l’on suit Char (sublimement interprétée par Hazel Doupe), adolescente réservée, harcelée par ses camarades de classe, dont les relations familiales avec sa mère (excellente Carolyn Bracken) sont douloureuses et qui va devoir s’affirmer et se dépasser pour protéger sa famille de l’emprise de forces surnaturelles.
Kate Dorval installe son ambiance angoissante savamment, à pas feutrés. Lentement les ténèbres vous aspirent. Et puisqu’on parle d’ambiance, la réalisatrice a fait le choix d’un film sombre, parfois crépusculaire où la lumière est distillée au compte-gouttes, les nappes de respiration quasi-inexistantes.
Clairement le métrage prend son temps pour s’installer et paradoxalement, malgré une caméra très statique, souvent figée, au près du visage de ses comédiens, on est comme happé par la situation et les personnages. Le visage de Char est une toile blanche sur lequel Kate Dolan, la réalisatrice, vient apposer ses touches de noirceur et de couleurs ocre, et y peindre détresse et passions.
Après tout n’est pas parfait. Le film n’évite pas quelques longueurs et clichés et reste trop en surface lorsqu’il s’agit d’horreur. On aurait aimé en savoir plus sur ces rites païens, sur la sorcellerie et son hérédité sororale. On s’attendait à plus de noirceur encore, peut-être plus de cruauté dans le conte. C’est dommage car dès lors qu’il creuse un peu les veines du surnaturel, les plaies s’ouvrent béantes et viennent entailler avec tranchant le confort relatif du spectateur.
Reste néanmoins une impression de langueur hypnotique qui ne manque pas de charmes et confère à ce film un parfum vénéneux de reviens-y.
Merci à Mensch Agency et à Star Invest Film France pour la projection privée du film.