Abandonnés
Encore un 1er film français, signé et réalisé par Michaël Dichter. Et merci à lui pour ces 95 minutes d’un drame social bouleversant. Max, Vivian et Tom, 13 ans, sont inséparables. Ce début d’été est plein de bouleversements : la dernière usine de leur petite ville des Ardennes ferme tandis que Seb, le grand frère de Max, sort de prison. Ses combines vont peu à peu entraîner les trois adolescents dans une chute qui paraît inéluctable… Un film qui touche en plein cœur. Ou, quand des ados, victimes des conneries de leurs aînés, les payent très cher. Bouleversant !
L’histoire se déroule en Région Grand Est, entre Charleville-Mézières et Revin, un endroit où les personnes qui y vivent, à cause de la désindustrialisation, à cause du chômage, à cause du manque de perspectives, ont une âme battante et généreuse, mais elles se sentent laissées pour compte, isolées. Le film tourne autour de la question de l’abandon : un père absent qui a abandonné ses enfants, une mère qui abandonne son rôle de mère, un grand frère qui abandonne son petit frère, un ami qui abandonne ses amis, etc. Le tout dans une ville où les habitants ont abandonné la lutte et où l’usine qui les fait vivre abandonne le territoire. Et quand on arrive au but de la lutte, il faut trouver d’autres manières pour vivre et survivre, c’est tout le sujet de ce drame. Quand on interrogeait James Gray – dont le Little Odessa fait penser à ce film -, il disait : le cinéma c’est un mélange entre la vérité et le spectacle. Je pense que ce jeune réalisateur l’a bien compris. Ni morale, ni pathos, de la vérité brute comme on en voit rarement.
Et en plus, la direction d’acteurs est parfaite. Autour du duo, Emmanuelle Bercot / Raphael Quenard, on découvre trois jeunes plus que prometteurs, Diego Murgia, Jean Devie et Benjamin Tellier, qui, dans des registres différents, sont à créditer d’excellentes performances. Il semble que ce petit film, qui a tout d’un grand, ait bien du mal à trouver son public. C’est bien dommage, car, franchement il vaut le détour. Autopsie d’une sortie trop brutale de l’enfance qui ne peut laisser indemne.