Toute sa vie, Val Kilmer a été un boulimique de l’image : caméra à l’épaule, il a gravé sur pellicule les films qu’il tournait dans son enfance avec ses frères, ses débuts sur les planches, sa vie de famille ou les plateaux de tournage qu’il a fréquentés. A présent que sa carrière est virtuellement terminée, l’acteur a décidé de mettre cet immense volume d’archives à disposition afin de raconter son propre parcours au sein du système hollywoodien. Compte tenu de la facture consciemment amateur des bandes vidéo, on pouvait redouter le collage d’images disparates ; compte tenu de la réputation de client difficile qui lui colle à la peau, on pouvait redouter l’auto-apologie mais à aucun moment Kilmer ne semble avoir envie de régler ses comptes ou de se justifier. La majeure partie du temps, les images sont commentées par son fils, le cancer du larynx qui lui a été détecté en 2015 lui rendant toute parole extrêmement difficile, ce qui accroît évidemment la charge émotionnelle du projet. Même s’il est officiellement en rémission, Val Kilmer se sent pressé par le temps, ne tient rien pour acquis, et c’est sans doute ce qui le pousse à analyser sa carrière sans aménités, à rétablir certaines vérités, comme le fait qu’il regarde avec beaucoup plus de nostalgie sa formation à l’académie Juilliard ou la pièce consacrée à Mark Twain qu’il monta en 2012 que les blockbusters célèbres qui lui apportèrent la célébrité dans les années 80 et 90. Dans l’absolu, j’hésiterais à prendre totalement pour argent comptant ce que raconte un acteur dans une autobiographie, même filmée, mais il y a quelque chose à observer Val Kilmer, terriblement diminué, se livrer en toute honnêteté et éprouver simplement de la reconnaissance pour son parcours prestigieux, ainsi que pour les quelques opportunités que celui-ci lui ménage encore, qui force le respect.