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traversay1
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2,5
Publiée le 4 mai 2022
Avant d'entrer en salle pour découvrir Il buco, le spectateur a la possibilité de lire la brochure du Groupement National des Cinémas de Recherche, avec à l'intérieur une note d'intention du réalisateur, Michelangelo Frammartino. Intéressant de voir comment le cinéaste explique son projet singulier, que l'on pourrait qualifier de documentaire a posteriori, puisque reconstituant la première exploration d'une grotte calabraise, près de 700 mètres sous terre, 50 ans après les faits. Austère et contemplatif, le film est remarquable du point de vue esthétique, malgré un côté forcé pour le rendre poétique. La campagne est superbe, ânes et vaches regardent placidement l'activité de ces humains décidés à descendre au fond du trou et les images dans l'obscurité de la grotte ont de quoi fasciner. Et pour l'aspect narratif ? RAS ou presque, avec le contrepoint énigmatique d'un ermite local qui vit en symbiose avec la nature et une absence totale de dialogues chez les spéléologues, ou alors indistincts et non traduits. De ces défricheurs souterrains, le film fait des anonymes, sans visage et interchangeables. C'est le choix du réalisateur mais l'aspect humain disparait alors tout à fait d'un projet propre à Frammartino et dont on aurait aimé qu'il ait la générosité de nous le rendre plus chaleureux et incarné, ce qui devait être possible sans le dénaturer. Faute de pouvoir partager pleinement cette extraordinaire aventure, il n'est pas interdit de trouver le temps parfois un peu long.
Soit ce film est très en avance sur son temps et sera considéré comme le chef d'œuvre du XXIIe siècle, soit c'est un court-métrage du G. R. E. C. transformé en long par erreur... Il ne se passe rien, pas d'histoire, des spéléologues explorent un trou, sans son sache pourquoi, tandis qu'un vieux berger attend la mort sur son lit.... Une telle pseudo symbolique dépasse le sens !
C’est un documentaire superbement réalisé et filmé avec de gros moyens. On y découvre les formidables et impressionnants paysages montagneux de l’arrière pays calabrais qui sont bien mis en valeur avec de belles prises de vue. On suit tout au long de ce film l’exploration d’une grotte de 987 mètres de profondeur par des spéologues et en même temps la vie rupestre et paisible d’un groupe de vieux bergers calabrais. Il se dégage de ce film beaucoup de sérénité et de poésie.
Dès le premier plan fixe filmé depuis l'intérieur d'une grotte, Michelangelo Frammartino est attentif au changement de luminosité, au bruit et au mouvement des animaux qui apparaissent un peu plus haut : en somme, un tableau naturel est en train de se construire. Capter la nature dans toute sa diversité est le projet du cinéaste, que ce soit lors des scènes dans la montagne – filmer dans le plus grand calme les hommes et les bêtes entourés par la forêt sur cette grande étendue d'herbe – ou dans la grotte – scènes nocturnes d'expédition où la prouesse du filmage égale l'impressionnante descente souterraine – est au centre de ce beau film presque sans parole, qui mêle fiction et documentaire avec une fluidité troublante. Frammartino s'inspire en effet d'un fait divers pour mettre en scène cette exploration, mais en filmant dans un montage parallèle l'agonie d'un vieux berger, c'est bien du côté de l'invention – du collage et des associations d'idées – que se situe le cinéaste. Il n'est d'ailleurs pas aisé de percevoir le lien entre une dimension plutôt scientifique (des explorateurs qui descendent progressivement dans cette grotte, les différentes mesures de largeur et de profondeur de celle-ci, les croquis récapitulatifs) et la captation presque en temps réel de la mort du berger local (accompagné vers sa fin dans une grande douceur par quelques habitants du village). On pourrait y voir de la part de Frammartino un audacieux pari de renversement : le berger meurt lentement alors qu'il fait partie du monde du dessus et se trouve paisiblement baigné par la lumière (la vie), tandis que les spéléologues font une découverte majeure en s'enfonçant au fur et à mesure sous terre dans une obscurité presque totale (la mort). L'interpénétration des symboles n'est pas ici une création artificielle du cinéaste, elle témoigne au contraire d'un regard simple et objectif sur le réel : le capter et le restituer dans un double mouvement naturellement paradoxal fait de ce long-métrage une belle réussite sensorielle.
Il buco est le troisième film de Michelangelo Frammartino (pour ma part c'est le deuxième que je vois) et c'est un cinéma époustouflant. Déjà il y a cette beauté formelle : les paysages du sud de l'Italie sont magnifiquement mis en valeur et on sent que le réalisateur apprécie cet endroit tant il dégage du calme et de la sérénité. L'absence de musique, la quasi absence de dialogues, le fait que les personnages n'aient pas de nom, pas réellement de personnalité, pas d'identité, qu'il n'y ait pas de conflit, pas réellement d'intrigue non plus contribue grandement à cette impression de calme.
On suit donc en parallèle un vieux berger qui est plutôt mal en point et un groupe de spéléologues qui descendent au fond d'une grotte dans laquelle personne n'était déjà entrée. Et là, sans artifice, en étant lent et méticuleux le film arrive à faire ressentir ce que c'est que de pénétrer dans l'inconnu. Les voir descendre, s'engouffrer dans des trous de plus en plus étroits et de plus en plus profonds a quelque chose d'angoissant. On y croit. C'est ça le truc incroyable, c'est que le film avec son dispositif minimaliste arrive, entre deux plans bucoliques sur les montagnes, à rendre tangible cette descente.
Incroyable parce qu'il arrive à se dégager quelque chose de ces images qui pourraient paraître froides de prime abord. L'articulation entre l'exploration dans la grotte et l'agonie de ce berger semble trouver un sens, quelque chose d’indicible, dans ce montage alterné, comme si leurs destins étaient liés. Comme si cette exploration mettait fin à un monde, à un mystère... En tous cas il y a quelque chose de touchant là-dedans, comme si on n'avait pas besoin de caractériser un personnage pour le ressentir.
Pas loin d'être un chef d'œuvre. C'est un film en vo qui n'a pas besoin de sous-titres puisque les dialogues sont réduits et pourtant le film n'est pas muet. Intéressante reconstitution d'une expédition de Turinois montée par des spéléologues qui découvrent une grotte. Mais c'est plus que ça porté par une photo magique. Pour ceux qui aiment le cinéma de la jeune Rohrwacher (Lazzaro), c'est de suite qu'il faut y aller. A noter l'interview de 20 minutes donnée par Frammartino sur Arte ou les avis critiques élogieux sur Culture (émission la Grande table de vendredi midi), le réalisateur, un moment d'intelligence par un artiste sincère. On demande ça chez les jeunes cinéastes français et ça sera bien.
"Il buco" est basé sur l'histoire vraie d'un groupe de spéléologues qui explorent une grotte jusque-là inexplorée, qui s'avère être l'une des plus profondes connues. S'il avait été référencé en tant que documentaire, je pense que le film aurait fait gagner du temps à beaucoup de monde, moi y compris, car ce n'est pas un film grand public, mais on comprend pourquoi il ne l'est pas, car ça dépasse le simple fait de documenter cette expédition. Michelangelo Frammartino essaie de proposer une expérience sensorielle et poétique. Pour ma part, ça n'a pas fonctionné. Obligé de reconnaître la beauté du film et de ses plans, mais c'est aussi vide que cette grotte. À moins d'être happé par cette ambiance ou d'être un fana de spéléologie, c'est compliqué. Ce n'est pas mauvais, car c'est clairement de mon côté que ça a coincé, ce n’était juste pas un film pour moi.
Entre la limpidité d'un documentaire et l'opacité d'une fable sans morale, Il Buco raconte et met en parallèle deux histoires très courtes, sans véritables rebondissements : l'exploration par un groupe de scientifiques d'un trou de plus de 600m de profondeur et la mort lente d'un vieil homme dans un refuge de montagne. Pas de dialogues audibles, pas d'explication, le spectateur n'est pas tenu par la main, étant simplement invité à contempler des plans, souvent fixes, de paysages magnifiques et à tirer un sens - s'il le souhaite - du montage juxtaposant les deux histoires. Peut-être s'agit-il ici pour Frammartino d'interroger le rapport à la terre, en montrant la vanité et l'aveuglement de ceux qui la fuient en élevant des tours en verre ou en plongeant dans les méandres de la terre ? Ou peut-être est-ce simplement l'occasion d'un voyage sensoriel éblouissant d'1h30 dans cette Italie du Sud si souvent oubliée par le cinéma. À voir pour une expérience de cinéma qui, par sa lenteur, ressource.
En 1961, un groupe de spéléologistes du nord de l’Italie est venu en Calabre explorer le gouffre de Bifurto qui s’est révélé le plus profond de la péninsule et l’un des plus profonds au monde.
Michelangelo Frammartino est un réalisateur discret qui n’a réalisé que trois longs-métrages de toute sa carrière., tous tournés en Calabre, la région méridionale de l’Italie dont il est originaire, comme beaucoup d’Italiens qui ont émigré en Lombardie ou au Piémont durant les Trente Glorieuses.
Il aurait pu réaliser un documentaire sur l’expédition de 1961. Il préfère procéder à une patiente reconstitution, en équipant une équipe de spéléologistes des équipements d’époque et en les accompagnant jusqu’au fond du gouffre (le tournage du film a dû nécessiter un dispositif technique dont on devine la complexité)
Michelangelo Frammartino est surtout un cinéaste contemplatif. Il a opté dans "Il Buco" pour un parti radical : aucune parole, aucune bande-son, aucune explication (sinon un carton final). Les seules paroles qu’on entend au tout début du film sont issues d’un documentaire de l’époque qui semble sans lien avec le sujet du film : il est tourné par la RAI à la tour Pirelli à Milan qui se dresse fièrement au-dessus de la capitale lombarde. L’idée, on le comprendra vite, est d’opposer à l’un des points les plus hauts d’Italie, symbole d’une modernité prométhéenne triomphante, son point le plus bas, au cœur d’une nature sauvage et immobile.
"Il Buco" ne dure que quatre-vingt-dix minutes mais constitue pour le spectateur, même le plus patient, un spectacle exigeant. Pendant quatre-vingt-dix minutes, pas une parole ne sera échangée. On ne verra qu’une succession de longs plans fixes (ceux qui, à raison, critiquent la mode actuelle des films tournés à l’épaule avec une caméra épileptique y trouveront leur compte).
S’y ennuie-t-on pour autant ? Non. Car, "Il Buco" nous raconte sans parole une histoire parfaitement intelligible et captivante. On suit pas à pas la progression de la petite troupe, qui s’était arrêtée dans un village de montagne avant de s’installer à pied d’oeuvre sur l’alpage au-dessus du gouffre. Parallèlement, sans qu’on comprenne le lien entre les deux, on accompagne sur son lit de mort les derniers jours d’un berger au visage parcheminé, victime d’une attaque tandis qu’il faisait paître ses bêtes.
À condition d’accepter son cahier des charges exigeant, on se laisse prendre au faux rythme d’"Il Buco" et lentement apprivoiser par la sérénité panthéiste qui en émane.
Curieux film qui reconstitue une aventure spéléologique italienne, façon docufiction, en parallèle de la mise en scène naturaliste de la vie d’un vieux gardien de vaches et autres plans sur des paysages bucoliques. La tonalité est au minimalisme absolu. C’est lent et contemplatif, quasiment sans parole. C’est très beau : compositions picturales des plans, délicat travail de la lumière (que celle-ci baigne la verdoyance extérieure ou qu’elle caresse en clair-obscur les parois ruisselantes du gouffre exploré), précision du son. Mais c’est aussi très déroutant. Le lien thématique entre l’aventure spéléologique et la vie du vieillard n’est pas évident. Une réflexion sur l’homme, la nature, les limites ? Le film est ouvert à toutes les interprétations. Mais en se donnant si peu clairement dans ses intentions et en étant si peu narratif, il n’évite pas, malgré son originalité et sa beauté, quelques écueils soporifiques.
En août 1961, un groupe de spéléologues de l'Italie du Nord est entré dans l'abîme inexploré de Bifurto, une grotte de 683 mètres de profondeur dans le parc national du Pollino le film a obtenu le prix du jury a la mostra de venise en 2021
S'il y avait du génie je suis passée complètement à côté. Pas beaucoup d'intérêt de voir un tel film, y a même pas d'histoire ? Pas compris ce qu'on a voulu nous raconter avec ses images. Dommage ça aurait pu.
On peut comprendre ce qui motive le réalisateur et saisir son intention docu-fiction en montage parallèle entre surface du monde vibrant de vie, de vent et d'herbes, corps du vieillard et profondeurs intestines de la terre. La "recherche" est louable. Pour autant, un peu plus de 90 minutes d'une succession de plans séquences et fixes à la photographie impressionnante et belle, de grande sensorialité, ne sont pas parvenues à me sortir de cette sensation de léthargie et de perte de temps. Du cinéma spéléo-illogique mais serein, sensoriel mais lent, qui peut nous pousser à sortir du trou de la salle dans laquelle on s'est engouffré, ou nous inciter à couper le film. Il faut être dans le bon état d'esprit cinéphilique pour réceptionner l'expérience du film de Frammartino.
En surplomb d'une vallée Un vieil homme hèle Dans le fond En son centre Des chevaux Des vaches Qui cohabitent paisiblement avec un campement de probables citadins équipés de Casques Cordes Harnais Baudriers L'exploration commence Il tombe malade Les pionniers s'enfoncent spoiler: Moins 683 mètres
spoiler: Il meurt
Il n'y a rien d'autre dans ce film On peut raconter ce qu'on veut On ne dévoile en rien la sensation unique Et inhabituelle Bien qu'intimement connue par la biologie même de ce qui nous constitue Mais rarement consciente La sensation d'ensemble De paix Accordée intemporellement entre les montées et les descentes Entre le passé et le maintenant Entre une équipe de spéléologues En Italie Partie à la découverte de l'une des plus profondes grottes du monde Et de l'autre Un vieux monsieur Presque ermite Dans sa petite maison de bois perchée sur la montagne Couronnant cette vallée Belle et garnie De vert De bétail De soleil Il chante Le vieux monsieur Dans l'écho de la vallée Après ce troupeau Qu'il semble appeler fraternellement Sans mélancolie Avec un désir-nature de vie prolongée Et d'harmonie Puissante
La force de ce film repose sur sa capacité à raconter beaucoup en montrant peu en utilisant un parallèle entre l'expédition menée par un groupe de spéléologues et la mort lente d'un vieil homme qui s'apparente à un gardien des lieux. La poésie des plans, le travail sur les sons et le rythme lent offrent la possibilité au spectateur de vivre une véritable expérience sensorielle, comme si nous voyagions nous-mêmes dans cette grotte.