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Julien Chevillard
179 abonnés
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4,5
Publiée le 30 mars 2022
retour à reims est un trés bon film sur le monde ouvrier des années 1950 a la grande époque de notre industrie française et de l évolution de la société un film coup de poing a pas manquer une page de notre histoire à tous un film marquant
Périot n'est pas un réalisateur. C'est un idéologue affligeant qui se sert du cinéma. Son film, plombant, trouverait davantage sa place sur Arte entre 3 et 4 heures du matin.
Jean-Gabriel Périot adapte le livre de Didier Etibon avec la voix de Adèle Haenel. Ce documentaire nous raconte avec des archives extraordinaires le monde ouvrier des années 50 à aujourd’hui. Une belle mise en perspective de la société française et son évolution. Un documentaire passionnant.
A première vue ou mal informé, on pourrait penser qu’il s’agit seulement d’un récit familial par le fils prodige (devenu philosophe et sociologue de renom) revenant chez lui, enfin là ou il a vécu enfant avec ses parents... à Reims. Occasion de retirer des souvenirs de sa mère ceux auparavant laissés dans la mémoire familiale par ses grands parents, la génération d’avant du même milieu populaire et ouvrier, puis de sa propre enfance. Un ensemble de faits saillants utiles au propos et à la démonstration sociale. Mais ce n’est pas que cela car ce n’est que le point d’entrée. En réalité, il s’agit plutôt de parcourir et d’étudier la perpétuelle domination de la bourgeoisie sur le prolétariat, pour utiliser à dessein un vocabulaire marxiste, tout simplement politique. Ça s’appelle la lutte des classes. Quand on ne voit plus cette lutte, qu’on ne la perçoit pas, voire qu’on la nie, c’est que la classe dominante a gagné sur tous les tableaux. Mais ça n’exclut pas des soubresauts réguliers. Le documentaire se terminant sur la période contemporaine on y verra les Gilets Jaunes. Et on se demandera aussi où sont passés les socialistes et autres communistes ? Dans l’étude et l’analyse du vingtième siècle jusqu’à aujourd’hui (juste avant l’élection présidentielle imminente), on retrouve des points communs avec le récent documentaire (aussi) « La diPSarition » (février 2022). Malheureusement les documentaires ne déplacent pas les foules au cinéma (sauf parfois sur le thème écolo, phénomène cinématographique récent).
Un très beau montage d'images d'archives pour raconter l'histoire ouvrière en France au XXe siècle. Mais quoi de plus insupportable qu'un film qui nous dit comment il faut penser, au cours d'un long discours assez pédant, très intellectuel, et qui serait paradoxalement probablement inaudible à une grande partie des classes populaires sur lesquelles il pérore ?
Le documentariste Jean-Gabriel Périot ("Une jeunesse allemande", "Nos défaites") adapte l’essai autobiographique de Didier Eribon, publié en 2009, encensé par la critique et par la presse.
"Retour à Reims" comportait trois livres en un. Le premier avait l’auteur pour héros et racontait, à l’occasion, de son retour dans sa ville natale, son parcours de transfuge de classe, comme Annie Ernaux l’avait fait avant lui et selon un modèle que Edouard Louis reproduirait quelques années plus tard jusqu’à l’épuiser. Le deuxième était une chronique familiale, un essai de microhistoire écrit à partir de la biographie de ses parents, une femme de ménage sevrée de l’éducation qu’elle n’a pas reçue et un ouvrier communiste. Le troisième, plus ample, était la tentative, à travers le parcours de vie des parents de Didier Eribon et de leurs choix politiques, du Parti communiste au Front national, de raconter l’histoire de la classe ouvrière française de la seconde moitié du vingtième siècle.
C’est cette troisième dimension et elle seule que retient Jean-Gabriel Périot, qui a la prudence d’avoir ajouté au titre le mot « fragments » pour s’autoriser cette infidélité à l’original. Du parcours de Didier Eribon, transfuge de classe, provincial monté à Paris, faisant son coming out homosexuel, journaliste à Libération puis au Nouvel Observateur, biographe de Michel Foucault, on ne verra rien. Et c’est bien dommage. Du parcours de vie de ses parents, on ne verra rien non plus faute de documents visuels pour l’illustrer. En revanche, grâce à une remarquable travail d’archives, la voix d’Adèle Haenel nous raconte ce que les vies misérables de ce manoeuvre et de cette femme de ménage ont à nous dire de l’histoire ouvrière et sociale du vingtième siècle.
On est loin des "Trente Glorieuses", de la croissance débridée, de Mai 68 et de la construction européenne. Vu de Reims, la vie était bien grise, comme ces images qui semblent définitivement figées dans un noir et blanc intemporel. On touche du doigt en les regardant la détresse sociale du lumpenprolétariat de ces temps-là. Si on était plus positif -ce que Retour à Reims n’est guère – on se féliciterait des progrès enregistrés depuis cinquante ans, dans l’accès à l’éducation par exemple qui à l’époque était l’apanage de la bourgeoisie et des classes supérieures, les fils et filles d’ouvriers et d’agriculteurs étant jetés sur le marché du travail dès leur quatorze ans.
"Retour à Reims" ne verse pas dans une nostalgie mielleuse. Didier Eribon n’est pas tendre avec ses parents et notamment avec son père dont il pointe le sexisme. C’est d’ailleurs la misogynie beauf de cette époque qui est la plus criante dans les bouts d’arcvhives que l’on voit. Là encore, on peut légitimement s’en émouvoir et s’en scandaliser ; on peut aussi se féliciter que de tels propos, de telles attitudes ne soient plus imaginables de nos jours.
Didier Eribon dénonce le racisme de ses parents lorsqu’arrivent les premiers immigrés et leur ralliement honteux (et tu), dans les 80ies après la déception du mitterrandisme, au vote d’extrême-droite. il en fait une analyse très juste : leur haine des immigrés, leur racisme était dit-il une façon pour eux, en rabaissant plus petit et plus pauvre que soi, de se hisser dans l’échelle sociale et d’y trouver une position de domination qui ne leur avait jamais été reconnue jusque là.
Tourné en 2019, le documentaire s’autorise dans son épilogue une mention hasardeuse aux luttes contemporaines : les Marches pour le climat, les Gilets jaunes… Il lance à la gauche anticapitaliste un appel à l’union. Un appel d’une particulière actualité à la date de sa sortie (30 mars 2022) et encore aujourd’hui à la veille des législatives qui verront – ou pas – cette gauche unie – ou pas – tenir la dragée haute à l’extrême droite et à LREM.
C’est une réalisation de Jean-Gabriel Périot qui est un habitué des documentaires lui valant même une nomination au César du Meilleur documentaire pour Une Jeunesse Allemande en 2016. Pour ce nouveau film, il va adapter l’essai autobiographique du sociologue et philosophe Didier Eribon, paru en 2009. Retour à Reims (Fragments) a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2021.
Celui qui ne sait pas d'où il vient ne peut savoir où il va, tel est l’adage que va prôner ce documentaire. Nous allons prendre le cas du sociologue Didier Eribon racontant les parcours et situations de ses grands-parents et parents à partir de la fin de la guerre. De ce récit, temporellement marqué, va être tiré des conclusions sociales. Vous l’avez compris, nous n’allons pas être sur un point de vue familial mais sociétal.
Il est agréable de retrouver à la narration Adèle Haenel. L'actrice française, qui est disparue des radars depuis l’affaire Polanski où elle s’était levée durant les César, est une narratrice de choix. Elle va manier la dialectique de la plus belle des façons. C’est un point très important à souligner, car finalement, c’est sa voix qui va nous guider tout au long du documentaire. Elle permet donc de nous immerger dedans. Le choix de prendre une femme pour raconter l’autobiographie de cet homme permet de donner une valeur universelle.
Sur le fond, c'est un véritable coup de cœur. Comme dit auparavant en prenant l'exemple des anciennes générations, cela va souligner comment ils font partie d’un processus d’évolution sociale. En plus, cela va montrer les divers dysfonctionnements qu’il y avait à leur époque. Plusieurs thématiques vont être abordées. Nous allons parler du féminisme, du droit du travail ou encore du racisme. Chaque sujet est bien fouillé et c’est vraiment passionnant. On va voir la manière dont les femmes se sont émancipées du foyer par des étapes douloureuses, comment les ouvriers ont lutté contre le patronat et enfin la façon dont le racisme s’est instauré dans les classes populaires. Le plus pertinent vient tout à la fin quand on va conclure par notre époque. Des passages qui donnent des frissons parce qu'on a toute la résonance du passé et les conséquences sur notre présent. Au final, la question est posée malgré toutes ces années de lutte, est-ce que nous ne sommes pas juste au début du combat ?
Tout ceci est souligné par une réalisation vraiment soignée. Tu vas être illustrée par des images d’archives soigneusement choisies. Les parties narration sont des images d’illustration qui montre bien les propos, mais il ne va pas y avoir que ça. En parallèle, on aura des interviews de l’époque ce qui est très pertinent dans le contexte. Une impression de replonger dans le passé pour comprendre la mentalité et comment les choses se sont déroulées. Tout s’enchaîne de manière extrêmement fluide et on voit le fil conducteur. Ce documentaire en plus d’être éducatif et citoyen est extrêmement agréable à regarder.
C'est un drôle de film, un exercice de style en quelque sorte. On revit l'histoire ouvrière sur plusieurs décennies basée sur de nombreuses archives. La voie d'Adèle Haenel accompagne l'histoire. Cela n'a rien à voir avec la ville de Reims ou si peu. Bref c'est un film assez difficile, il faut se concentrer sur la voix de la narratrice notamment et il n'y a pas vraiment d'histoire.
Chef d'oeuvre ! J'ai trouvé que c'était un panorama incroyable de la vie des francais des années avant guerre jusqu'à aujourd'hui. Les thématiques abordées sont des éléments fondamentaux. C'est toujours bon de reprendre à la base de tout : la question de l'éducation, le travail, la position des femmes, les inégalités sociales, etc. Le fil conducteur politique est particulièrement intelligent. Ça donne des clés de lectures pour comprendre comment on est passé d'un milieu populaire communiste à fasciste aujourd'hui. J'ai 25 ans je ne suis donc pas familière de la vie politique française pré Sarkozy. Foncez voir ce film ça vaut vraiment le coup. C'est thématique avec les élections en plus. Même si le candidat qui pouvait corriger les différents problèmes évoqués dans le film n'est pas au second tour malheureusement. Ça explique même les mécanismes de cet échec. Particulièrement intéressant. On sort de là avec l'envie de faire changer les choses. C'est l'insurrection qui vient. Bref. Un autre monde est possible. #lovemelenchon
Comment donner corps et portée universelle au texte essentiel d'Eribon, autosociologie d'un transfuge de classe homosexuel devenu universitaire? Par le montage, art dans lequel excelle Périot. De l'homosexualité, il ne garde rien pour se concentrer sur la société française, d'abord par des extraits de fictions, puis d'interviews de télévision essentiellement, bien que des extraits du "Joli Mai" de Chris Marker et d'autres docus apparaissent. Le montage son est très réussi également, où la voix off d'Adèle Haenel lisant des extraits de l'ouvrage d'Eribon amplifie souvent la force des images avant que le son original ne revienne. Et si le livre date de 2009, ses constatations valent encore pour cette campagne présidentielle...
Documentaire magistral. L'histoire de nos grands-parents et de nos parents. Bouleversant. Ni féministe, ni sexiste, ni patriarcal juste l'intimité, la vérité toute nue de ceux qui nous ont élevé... qui nous ont transmis tant de choses sans même que nous comprenions l'origine de tout ça. Ces témoignages précieux sont enfin mis en lumière et éclairent d'un nouveau jour les tourments de notre société actuelle.