Abrupte introduction, qui incite se frotter les yeux tant il faut ingurgiter alors que c'est montré comme limpide. Alors, est-on bête, de mauvais poil ou mal réveillé ?... Non, on mérite ce film, enfin il est construit de telle sorte... Au début il vous empoigne, fascinante mise en scène, choix d'acteurs attachants d'office, énergie, variété d'ambiances, des dialogues très informatifs, tendresse et cruauté mêlés, tout cela séduit dans ces plans déversés par rafales. Dédale narratif éprouvant sur des plans familiers, c'est contradictoire. Derrière la caméra, se devine une personnalité lucide, affectueuse sous ses dehors en veux-tu en voilà. On en arrive à se dire que ce type à regard oblique (Javier Bardem) calqué sur les déroutantes façons du réalisateur en interview, va nous amener le truc qui terrasse... Surtout que se précise la danseuse (Laura Morante) entrevue par petites touches avares jusque-là. Le premier ballet derrière elle jure avec sa grâce globale, pas pour rien certainement... Les fusées éclairantes se multiplient sur la dernière partie, récompensant le spectateur au centuple. Au diable donc cette impression d'être largué ! C'est un film difficile, le premier de Malkovich. Il aborde l'engagement politique que vient troubler l'aimantation mutuelle homme-femme. Ici dans le terrorisme d'Amérique Latine (l'occasion de regarder d'un peu plus près les aléas des dictatures de ce côté-là du globe). Pertinence et charme fou habitent ce film riche de paradoxes, j'en redemande !