Après 13 ans de développement, des scénarios très différents les uns des autres, de nombreux acteurs envisagés (Tom Cruise, Charlie Sheen, le retour de Roddy McDowall et longtemps Arnold Schwarzenegger) et de multiples réalisateurs attachés au projet (Peter Jackson, Sam Raimi, Oliver Stone, Chuck Russell, Phillip Noyce, Chris Columbus, Roland Emmerich et James Cameron), le remake de La Planète des singes voit enfin le jour en 2001 sous la caméra de Tim Burton. Cependant, le terme remake est loin d’être approprié car il s’agit plus d’une nouvelle variation autour du thème que d’un véritable remake. En effet, le film est très différent de la version cinématographique d’origine et du roman. A l’exception du fait qu’un astronaute atterrisse sur une planète dirigée par des singes, qu’il est capturé et qu’il s’évade, le reste du film s’éloigne considérablement de l’œuvre de Franklin J. Schaffner et du livre de Pierre Boulle.
Nous sommes ici plus face à un pur film d’action qui ne possède pas l’aspect politique de la première adaptation. Le côté blockbuster classique du film peut également surprendre quand on sait qu'il est signé par le réalisateur d’Ed Wood. En effet, la patte de Burton n’est que très peu visible (seul la relation à la limite de la zoophilie entre Leo Davidson et Ari dénote un minimum d’originalité) : cela peut s’avérer décevant de la part d’un cinéaste aussi original et c’est ce qui justifie le côté "mal aimé" de ce film dans sa filmographie.
Une fois éloigné l’idée de voir un pur remake (ce qui en soit est plutôt un bon point) et celle de voir un vrai film "de" Tim Burton, on peut apprécier un blockbuster plutôt bien fait et admirer le travail de maquillage. Voici le réel point positif du film. En effet, le travail de Rick Baker est plus qu’admirable. Les singes sont beaucoup plus crédibles que dans les films précédents. Mais cela n’est pas dû qu’au maquillage. En effet, les acteurs se déplacent de manière beaucoup plus simiesque que par le passé (dans la manière de marcher sur deux pattes, dans la façon de sauter, par le fait de courir à quatre pattes…). Tim Roth, Helena Bonham Carter et les autres font complètement oublier l’acteur derrière le masque et rendent l’existence des singes tout à fait palpable. De même, les décors et tout l’aspect visuel sont extrêmement réussis.
Sans être un chef-d’œuvre, cette Planète des singes cuvée 2001 s’avère donc plutôt divertissante et spectaculaire mais possède des points moins positifs liés au scénario. Ainsi, on peut regretter que l’abondance d’action se fasse au détriment du traitement des personnages et que Burton et ses scénaristes n’ait pas osé ou pu aller plus loin dans la romance homme/singe qui nait entre Davidson et Ari, au grand dam du personnage inconsistant incarné par la belle Estella Warren. Ce dernier point aurait pu être effectivement plus approfondi puisque, contrairement à la version de 1968, les humains savent parler, ce qui pourrait donc créer plus de liens (d’où l’expression Human lover). Mais le point qui fut le plus critiqué lors de la sortie et qui est le plus critiquable est une fin assez illogique et peu compréhensible bien que se rapprochant de celle du roman (mais l’histoire était différente).
Toutefois, malgré ces soucis scénaristiques et son absence de patte personnelle, La Planète des singes par Tim Burton est plutôt un moment divertissant et jamais ennuyant, ce qui n’est pas négligeable.