Près de 30ans nous sépare du dernier opus de la (première) saga de La Planète des singes, après nous avoir laissé sur notre faim avec la très décevante conclusion qu’était La Bataille de la planète des singes (1973) de Jack Lee Thompson.
Tim Burton s’attèle à un gros dossier, celui de raviver la flamme chez les fans de la première heure et de faire adhérer ceux qui n’auraient pas connue la franchise. Le réalisateur ne se cantonne pas simplement à mettre sur pied un remake puisqu’il s’agit avant tout d’une nouvelle adaptation sous la forme d’une relecture (dans un certain sens, plus proche du roman d’origine de Pierre Boulle que ne l’était la première version de 1968).
Le résultat est au final assez convainquant même si l’on est loin du superbe travail qu’avait fait Franklin J. Schaffner sur la première adaptation. Ce sont surtout les fans de Burton qui risquent d’être déçu, car pas une fois, on ne retrouve « sa patte », sa signature. En dehors d’avoir réalisé un film à l’univers parfois très dark (la photo du français Philippe Rousselot n’y est pas pour rien), force est de constater que ce film de commande est à des années-lumière de ce à quoi il nous avait habitué.
Un film relativement classique dans son ensemble, mettant un certain temps pour démarrer afin de concentrer toute son énergie dans la dernière partie du film avec la fameuse grande bataille (la séquence clés pour tout blockbuster qui se respecte). Si vous pensez avoir affaire à une resucée, c’est loupé. Burton ne tenait pas à réaliser un remake, résultat, on découvre très rapidement que le héros ne s’échoue pas sur la Terre mais sur une toute autre planète, quant au twist final, on est loin du climax très efficace auquel on avait droit dans la version de 1968, Burton préférant une fin plus « humoristique » et se rapprochant du roman d’origine, certes, mais pour le coup, cela devient parfaitement illogique et ouvrait les portes à une suite (voir à plusieurs), chose que l’on ne verra jamais… Ce qui est plutôt surprenant de la part de 20th Century Fox, vu la facilité avec laquelle ils ont essorés leur poule aux œufs d’or avec la première franchise (5 opus en l’espace de 5ans !).
En dehors de cela, on sent clairement que l’on a affaire à un blockbuster estival, avec son étalage de stars (trop de têtes connues qui malgré les maquillages restent reconnaissables et donc, décrédibilisent leurs personnages), elle est loin l’époque où c’était des inconnus qui incarnaient la tribu simiesque. Malgré cela, il faut tout de même reconnaître qu’ils font le job et que l’on prend plaisir à les voir (Tim Roth, Helena Bonham Carter, Michael Clarke Duncan ou encore Cary-Hiroyuki Tagawa), il n’y a bien que Mark Wahlberg qui peine à rendre plausible son personnage, sans doute n’avait-il pas la carrure pour un tel rôle.
Si John Chambers avait été couronné d’un Oscar pour ses maquillages dans la première adaptation, 30 ans plus tard, c’est Rick Baker (que l’on ne présente plus) qui prend la relève et force est de constater qu’une fois de plus, son talent continu toujours et encore de faire ses preuves.
Tim Burton est là où on ne l’attendait pas, certes sa relecture du mythe est loin d’être décevante, mais clairement venant de lui, on en attendait bien plus. Pris en tenaille entre les directives du studio et ses impératifs (budget revu à la baisse et temps de préparation & de tournage précipité), il tente ce qu’il peut, sauve les meubles et nous restitue un blockbuster certes, sans âme, mais suffisamment divertissant pour que l’on ne s’ennuie pas.
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