Voici il me semble le second long métrage de Bonello, alors il est plus maladroit que ses films suivants, mais possède déjà quelques touches très caractéristiques de son cinéma, comme l'utilisation de la musique, même si moins poignante que dans De la guerre ou l'Apollonide.
Alors c'est l'histoire d'un pornographe joué à Jean-Pierre Léaud, portant des habits biens trop grands pour lui, avec une coupe de cheveux qui ne semble pas du tout lui aller. En fait c'est ce que son personnage dans la chinoise de Godard pourrait devenir, après les idées révolutionnaires, on s'embourgeoise, et on se met à produire.
Le film est politique lui aussi, c'est pour ça que je fais le rapprochement, alors que les trois autres Bonello que j'ai pu voir sont plutôt neutres, sur cette question. Alors Bonello propose des petites choses, sans aller aussi loin que Godard avec le constat générationnel, mais arrive à rester pertinent dans sa petite analyse. En effet il dit que les jeunes de mai 68 manifestaient pour être anti conformistes, et ceux d'aujourd'hui manifestent pour avoir un travail, devenir invisible, se conformer. C'est intéressant comme vision, surtout que dans les manifestations on n'entend plus de slogans faisant appel à l'idée de révolution.
Mais le film ce n'est pas que ça, c'est comme toujours chez Bonello des instants de grâce absolue, il va filmer en plan fixe quelqu'un, un paysage, mettre ou non une musique sublime derrière et laisser l'invisible se créer.
C'est une oeuvre passionnante dans son fond, pleine d'idées sur la création, il y a un discours vraiment très intéressant sur l'art, voir ce vieux pornographe essayer de faire quelque chose de bien de ce porno qu'il tente de tourner, et le producteur venir lui imposer des plans qui font vendre, alors que lui voulait créer l'émotion du silence et de l'immobilité (comme Bresson).
Il dit d'ailleurs à la fin que ses pornos même si tout le reste c'est de la merde, ont quelques secondes de beau, parce que c'est humain. C'est une très belle vision de la beauté.
Le film parle aussi de la violence liée à l'absence de communication possible, le film traite pleins de sujets, mais du coup on peut trouver ça un peu superficiel, parce qu'il entame pleins de questions sans vraiment avoir le temps de les développer.
Par exemple on parle des relations père/fils brièvement, de la mort, de l'acceptation de l'âge, comment finir sa vie etc.
Il est bourré d'idées, si ça n'avait pas été son second film, je pense qu'il s'en serait mieux tiré.
Après il y a des très bonnes idées, Léaud étant le visage de tout un ban du cinéma d'auteur français par exemple.
Mais je retiendrai surtout que l'obscénité c'est pas le film porno, c'est les questions d'une journaliste.