A 11 ans, je visionnais pour la premiere fois ce film avec perplexité et énormément de deception, ayant rêvé devant les films de Spielberg trés tôt, à l'image d'E.T et des Jurassic Park. Et puis, je me suis dis 10 ans plus tard que cette oeuvre avait un potentiel qui m'avait echappé alors, une dimension psychologique que je n'avais pas pu saisir. Et c'est à cet instant même que je dois m'incliner et faire mon mea culpa distingué. Comment ne pas s'émouvoir, s'émerveiller, devant ce chef d'oeuvre futuriste qui nous propose un voyage sans frontiéres soulevant des questions sur le devenir, l'humanité, l'amour et offrant une reflexion virtuose sur la place d'êtres mécaniques sur Terre, anihilant la grandeur organique de l'Homme. L'Homme qui, une fois n'est pas coutume, est Dieu. Mais une divinité excusable, agissant pour desservir des interets personnels, comme pour revoir un enfant trop tôt disparu à qui l'on aimerait pouvoir dire "je t'aime" maintes et maintes fois. Cette folie croissante qui pousse les humains à s'adonner à des experiences douteuses est exploité avec une maitrise parfaite du maestro Steven. Esthetiquement, c'est magnifique. Les créations du trés regretté Stan Winston prennent vie et submergent l'écran, si bien que nous mêmes, pauvres spectateurs, sommes incapables de faire la différence et de se détacher des personnages pour ne pas trop les prendre en affection. Malheureusement, c'est inévitable. Toujours ce code universel cher au maitre : la famille. Ou plus précisément ici, l'amour d'un robot pour sa "mére" dont il se met en quête desesperement suite à un abandon precipité. Campé par un casting titanesque et inattendu, cette aventure haute en couleurs et chargée de subtilités met en avant un jeune Haley Joel Osment épatant, bouleversant, pur, d'une rare justesse, avec à ses cotés Jude Law, imprévisible, cynique et extremement charismatique. Cet hommage cinglant au controversé Kubrick (que je n'aime guére moi-même) est magnifique, coloré, intelligent. Même si l'on peut reprocher une certaine surcharge d'émotions, notamment par rapport à son dénouement trés mélodramatique, "A.I : intelligence artificielle" ne s'oriente jamais vers la facilité, grâce à son scénario trés fouillé. Envoutant par son coté quelque peu mystique, ce bijou cinématographique captive, aidé par une bande originale trés réussie de la main du génie John Williams qui délaisse son grand orchestre symphonique au profit d'une partition plus sombre et poétique. Une claque artistique, tout simplement, qui picorera vos yeux et y inscrira des pepites humides. Définitivement, Steven Spielberg est un enfant eveillé qui s'invite dans vos rêves pour les rendre beaucoup moins substantiels qu'ils ne paraissent. En cela, finalement, si y'a bien une fée bleue dans ce Monde, c'est bien lui. Moi ? Pinocchio ? Regardez donc cette oeuvre, je vous assure que je ne mens pas.