Une vie qui fout le camp
Voilà un drame écrit et réalisé à 4 mains par Hamé Bourokba et Ekoué Labitey. J’avais déjà remarqué leur collaboration en 2017 avec le film Les derniers parisiens. Ils nous replongent de nouveau durant 97 minutes dans le petit monde des magouilles du Paris populaire qu’ils filment avec un talent tout particulier. Mia, 25 ans, employée dans un petit salon de manucure dans le 18e à Paris, apprend qu’elle est enceinte. Il lui faut trouver d’urgence un nouvel appartement alors que son copain Nabil, en liberté conditionnelle, peine à joindre les deux bouts. Lancée dans une frénétique course contre la montre, Mia monte une combine impliquant des clientes du salon, des soirées privées, et un footballeur-star. Cette fois, elle n’a plus le choix : elle doit reprendre son destin en main. Un film noir dans la tradition dans lequel tout le monde traficote ou tente, tout simplement, de s’en sortir. Solide, original, un drame qui se laisse voir, d’autant qu’il est admirablement porté par un excellent casting.
Honnêtement, au début, on s’y perd un peu. Beaucoup de personnages et on a du mal à comprendre les interactions entre. Mais peu à peu, on s’attache à tous ces escrocs à la petite semaine qui survivent comme ils peuvent. Beaucoup de force, de densité et surtout aucune emphase. Le film est sec, sans fioritures, sans dialogues inutiles – petit bémol, on est loin de comprendre chaque mot -, sans affèteries de la caméra. Paris, je l’ai dit, est magnifiquement filmé, tout comme les personnages, au plus près, au plus intime. Une chronique de la débrouillardise interlope qui ne manque pas de qualités.
En haut de l’affiche, Garance Marillier, qui, depuis 2017 et sa performance dans Grave, choisit parfaitement ses films et ne nous déçoit jamais comme dans Marinette. Vraiement une actrice à suivre de près. Autour d’elle, que du très bon avec Bakary Keita, Sandor Funtek, Virginie Acariès, Slimane Dazi, Eléonore Bernheim, et beaucoup d’autres qui campent une suite de personnages rugueux au sein du Paris des mal-aimés.