On devrait tous perdre la mémoire une fois dans sa vie
Telle est la morale de cette adaptation libre de la bande dessinée éponyme de Boulet et Pénélope Bagieu par Murielle Magellan, pour son 1er film de cinéma. Notre cinéaste est avant tout une scénariste à succès pour la télé comme pour le grand écran, mais elle réussit, ici, un joli moment de poésie foutraque. Eloïse se retrouve assise seule sur un banc parisien. Qui est-elle ? Que fait-elle là ? Elle ne se souvient de rien ! Elle se lance alors dans une enquête, pleine de surprises, pour découvrir qui elle est. Et si cette amnésie lui permettait de trouver qui elle est, qui elle aime, et de réinventer sa vie ? Une parenthèse enchantée de 100 minutes qui fait du bien dans un paysage cinématographique souvent grave ou dramatique. Un film qui fait du bien.
On ne rit pas à gorge déployée, mais on a en permanence un petit sourire au coin des lèvres devant les mésaventures poétiques de l’héroïne en quête d’identité, au sens 1er du terme. Charlie Chaplin disait : Vue de près, la vie est une tragédie, vue de loin, c’est une comédie. Je pense que le scénario a trouvé la bonne distance entre l’humour pur et les décalages oniriques et surréalistes marqués entre autres par quelques apparitions de la BD d’origine. L’ensemble est subtil et joliment mené pour offrir un joli portrait de femme d’aujourd’hui. Mélancolique et solaire, un film qui propose un univers dans lequel il faut accepter de se plonger sans retenue… et là, c’est un vrai bon moment.
L’adorable Sara Giraudeau, dont le talent n’est plus à prouver, porte le film de bout en bout avec une grâce et une fantaisie épatantes. A ses côtés, Pierre Deladonchamps, à contre-emploi en amoureux décalé, Grégoire Ludig, Sarah Suco, Stéphane Guillon, gravitent autour de l’étoile montante du cinéma français. Cette comédie romantique est toute à l’image de son héroïne, pétillante, loufoque et fraîche. Pour un moment de rêve.