Adapté d’une BD (qui n’en retient finalement pas grand-chose), « La Page blanche » est le premier long-métrage de Murielle Magellan, également romancière. Comédie romantique sortie en 2022, le film s’ouvre sur la scène d’une jeune femme assise sur un banc au milieu d’une placette parisienne ombragée. Qui est-elle ? Que fait-elle seule sur ce banc ? Elle-même ne le sait pas. Plus de souvenirs personnels, amnésie totale de sa vie d’avant. La page blanche. Dans la peau de l’héroïne perdue dans sa propre vie, Sara Giraudeau crève l’écran dès les premières minutes. Stupeur, doute, incrédulité, panique. Sous sa frange brune, cheveux courts, voix et visages enfantins, la fille de Bernard Giraudeau et Anny Duperey (qu’est-ce qu’elle leur ressemble !!) passe avec un naturel désarmant d’une émotion à l’autre, composant une héroïne à la fraîcheur pétillante, tantôt forte, tantôt fragile, partie à la chasse aux indices pour recoller les morceaux du kaléidoscope et remonter à l’élément déclencheur de cette amnésie bien embarrassante… mais finalement salutaire. Globalement, le scénario fonctionne. Même si l’on peut regretter quelques effets redondants sur la durée, la quête identitaire d’Éloïse Leroy donne lieu à des confrontations souvent cocasses au travail, en amour et en amitié. Belle idée que l’ajout de saynètes animées quand l’héroïne tente d’imaginer ce qu’était sa vie. Le film repose en grande partie sur l’interprétation de Sara Giraudeau. Expressive, attachante, drôle, touchante, elle est parfaite quand son personnage évolue pour se réinventer au fur et à mesure qu’elle découvre la fille égoïste et superficielle qu’elle était. Bonnes prestations de Sarah Suco, Grégoire Ludig et Pierre Deladonchamps. Le ton est léger, frais, charmant. De l’humour, de l’émotion. Par contre, grosse déception, la séquence de la révélation des causes de l’amnésie s’avère complètement ratée. Dommage quand tout le film tend vers ça. Mal jouée, peu crédible, bâclée : une étoile en moins. A l’inverse, la scène finale, sur la placette du début, avec l’arbre qui procurait de l’ombre, est un délice de poésie.