L’adaptation de la bande dessinée de Pénélope Bagieu signée Murielle Magellan ne manque pas de bonnes idées de réalisation. Incrustation (un peu trop rares néanmoins) de moments dessinés pour figurer les pensées de l’héroïne, musique agréable et pas trop envahissante, « La Page Blanche » est un film charmant qui passe bien. Il n’est pas trop long et il ne souffre pas de temps morts. So humour est assez léger, plutôt bon enfant, pas réellement subversif mais relativement efficace. On reste quand même un peu étonnée par le Paris de carte postale dans lequel évolue Eloïse. Simple vendeuse chez Gibert, elle parvient néanmoins à se loger en plein Paris dans un appartement qui n’a pas l’air d’être une simple chambre de bonne. C’est un petit miracle immobilier que le cinéma français à une tendance assez fâcheuse à répéter encore et encore… Le Paris d’Eloïse est assez propre, la circulation y est fluide, pas tellement de pauvreté, on y semble heureux et romantique comme dans un film américain, c’est absolument charmant mais très moyennement crédible ! Si on ajoute à cela une musique de fond principalement à base d’accordéon, cela donne un bon gros Paris « Emily in Paris » à l’œil comme à l’oreille ! Si on met de côté ce bémol, el film est honnêtement réalisé, bien calibré et se laisse suivre sans déplaisir. Le vrai atout de « La page Blanche », c’est bien entendu la délicate Sara Giraudeau, qui met au service de son rôle toute la délicatesse, la fragilité et le grain de folie qui la caractérise. Ce sans doute pas un rôle très facile, celui de l’amnésique qui se cherche, qui se met dans des situations impossibles pour ne rien laisser paraitre. Sara Giraudeau est de toutes les scènes, elle porte le film entièrement sur ses épaules et elle le fait très bien, sans faiblir. A ses côté, Pierre Deladonchamps et Grégoire Ludig sont très bien également. Le premier est un vendeur informatique lunaire et le second, un homme à femme assez détestable
qui finit, malgré tout, par nous émouvoir alors que ce n’était vraiment pas gagné
! Il y a aussi Stéphane Guillon, dans une seule scène sur la fin, qui pour une fois ne m’a pas convaincu. Soit il cabotine trop et c’est super désagréable, soit il est censé incarner un cabotineur et ça sonne un peu faux. Dommage… Côté fille, Sarah Suco tire son épingle du jeu, au départ collègue hostile, elle termine meilleure amie, du genre la meilleure amie qu’on aimera toutes avoir sous la main. Je ne connais pas la bande dessinée dont le film est l’adaptation, je ne saurais donc pas dire si le film lui est fidèle ou pas. Pris pour ce qu’il est, le scénario tient malgré tout plutôt bien la route. J’entends par là que même si le coup de l’amnésie est un devenu un classique du cinéma et que dans la réalité c’est surement très rare, on s’autorise à y croire. Et le film est assez malin pour qu’on ne comprenne pas où il nous emmène. Quel est ce fameux choc psychologique qui a fait disjoncter Eloïse ? Le film nous y amène tout doucement et en ménageant plutôt bien ses effets. Pour le reste, malheureusement, on est un peu dans l’inévitable :
Je n’étais pas vraiment moi-même, cette occasion est parfaire pour devenir quelqu’un de meilleur. Ce qu’Eloïse découvre d’elle-même n’est guère flatteur, suiveuse, sans arrêt à gratter des arrêts maladies, ses amis sont très peu intéressants, elle n’a pas de réelles convictions, se contentant de suivre celles des autres, de préférences les plus radicales. Vie personnelle proche de zéro, vie amoureuse sans amour, elle découvre une fille sans intérêt (et pas très sympa) et c’est un choc salutaire qui lui permet de tout remettre à plat.
Point de vue crédibilité il faut quand même faire un petit effort pour y croire. « La Page Blanche » n’est pas un mauvais film, c’est une séance de cinéma charmante mais qui n’apporte qu’un petit plaisir fugace. Il ne restera pas en mémoire, ce qui pour le coup est assez logique !