Alors que les marchés financiers mondiaux s'effondrent en créant un climat de panique à travers tous les États-Unis, une famille américaine trouve refuge dans la propriété de leurs voisins survivalistes...
Les téléfilms estampillés "Into the Dark" sur Hulu, ceux des anthologies "Welcome To Blumhouse" sur Amazon Prime Video... Ce n'est plus un secret pour personne, Blumhouse a pris l'habitude de se débarrasser de ses fonds de tiroirs sur les plateformes de streaming. Et cet anecdotique "American Refugee" sorti en toute discrétion sur Epix n'échappe bien évidemment pas à la règle !
Pourtant, avec son contexte de fin du monde économique et d'insécurité touchant de plein de fouet une famille afro-américaine installée à la campagne, ce long-métrage d'Ali LeRoi ne démarre pas de façon si honteuse comparé à certaines productions Blumhouse peu recommandables. Certes, les prémices qui servent à installer l'ambiance apocalyptique se résument à des astuces que l'on ne connaît que trop bien pour masquer un budget serré (des reportages alarmistes sans cesse répétés, des fumées noires lointaines, deux-trois hélicoptères ou quelques scènes de pillages minimalistes) et le tout n'est pas vraiment mis en valeur par une mise en scène de DTV sans grande inspiration mais, malgré ça, "American Refugee" s'en tire plutôt bien pour créer un sentiment d'urgence, misant sur l'efficacité de sa formule plutôt que d'en chercher une autre innovante.
Mieux, dans la cohabitation forcée qui s'organise ensuite entre cette famille et leurs voisins, réunion évidente des facettes conservatrice et progressiste de cette Amérique au bord du gouffre, le film réussit à instaurer un équilibre pertinent entre entraide et méfiance afin de démontrer que les préjugés les plus ancrés peuvent être vite balayés dans l'adversité. Encore une fois, "American Refugee" n'invente rien sur ce point, surtout si vous avez l'habitude de ce genre de petite bobine réunissant des personnages que tout oppose dans le but de les faire survivre en vase-clos, mais on se laisse prendre au jeu, notamment grâce à un ou deux personnages aux tempéraments forts et convaincants (ceux d'Erika Alexander et Sam Trammel, clairement) et à la curiosité de découvrir de quelle façon la situation va être amenée à péricliter.
Malheureusement, la dernière demi-heure de "American Refugee" tourne à la bérézina la plus complète ! Malgré quelques éléments intéressants mis en place en amont, le film rate à peu près tout ce qu'il entreprend pour envenimer de manière crédible les rapports entre ses protagonistes, comme s'il se mettait à déclencher d'un coup tous les leviers en ce sens pour uniquement créer le chaos sans savoir où aller. De fait, en révélant n'importe comment et à toute vitesse les bas-instincts de certains face à la résistance héroïque d'autres, toute la dernière partie donne le sentiment d'être expédiée de façon si anarchique que le climax inévitable sur lequel elle débouche (très succinct lui aussi) n'est même plus capable de produire la moindre étincelle d'intensité viable pour regagner notre intérêt.
Dommage donc, on a failli y croire mais, vu cette catastrophique dernière demi-heure, on comprend désormais aisément pourquoi Blumhouse a discrètement bazardé "American Refugee" sur une plateforme de streaming, le film doit déjà nourrir les limbes de son catalogue à l'heure qu'il est.