Bien que sa réalisatrice, Teodora Mihai, soit belgo-roumaine, La Civil est un film mexicain pur jus, décrivant le combat d'une mère pour retrouver sa fille enlevée, dans le droit fil du remarquable Sans signe particulier, même si le traitement diffère sensiblement de l'un à l'autre. Mais, là également, il y est question d'une société gangrenée par la violence, où se côtoient les cartels, les paramilitaires et la police et où il n'est absolument pas possible de faire confiance à ses proches, possiblement corrompus. La Civil, placé sous le parrainage des frères Dardenne, de Cristian Mungiu et de Michel Franco, excusez du peu, raconte le combat d'une mère dans un style souvent radical, débouchant sur un thriller tendu, presque à l'américaine, où tout est susceptible d'arriver, à commencer par le plus horrible. Un peu trop long et manquant parfois de cohérence, le film vaut avant tout pour son atmosphère fébrile et l'interprétation hors normes de Arcelia Ramírez, d'une incroyable intensité. Le choc est réel même si son thème n'est pas neuf et le courage de cette mère, dans un contexte insaisissable et délétère, a de quoi impressionner. Il y a un hic, tout de même, avec l'ultime image du film, qui nous montre le regard stupéfait de son héroïne. Si c'est vraiment ce que le spectateur croit à ce moment-là, c'est en contradiction totale avec tout le patient cheminement du long-métrage. Qu'a voulu signifier la réalisatrice dans ce plan final est un véritable mystère, à la fois frustrant et incompréhensible.