Quatrième James Bond pour Pierce Brosnan, et le premier de l'ère post-11 Septembre. Que faisait-il donc ce jour, où le monde à fait connaissance avec une nouvelle forme de terrorisme? Ceux qui espéraient une vraie remise en question de la légitimité du plus célèbre des espions en seront pour leur frais. Par le biais d'une astuce scénaristique, on découvre que Bond est resté enfermé et torturé pendant que le monde basculait. C'est bien pratique, mais purement vain. Car non seulement l'excuse est facile, mais apparemment, le MI6 comme son meilleur agent semblent ne pas être au courant du malaise qui a secoué la planète. Du coup, que fait-on? Eh bien on célèbre les 40 ans de notre bon(d) ami. Et comme il est plus qu'évident que lors d'un anniversaire, il ne faut pas pourrir l'ambiance, on ne parle pas de vraies choses. Le 11 Septembre? On oublie pour l'instant, regardons ailleurs. C'est à dire? Vers une intrigue digne des Roger Moore, aussi inoffensive que bourrine. Nous faire avaler l'ignorance des services secrets était déjà difficile, alors maintenant imaginez que l'équipe du film n'a pourtant pas occulté la montée du numérique, les triomphes de Matrix ou de Mission: Impossible 2, la saga concurrente. Là, ça fait vraiment beaucoup de choses à accepter sans sourciller. Il semble malgré tout qu'on ne devrait pas s'étonner de voir Pierce Brosnan faire du surf au beau milieu de glaciers, de cette histoire de transformation faciale, de ce combat au milieu de lasers. Pourtant, on s'étonne. Où est passé le James Bond qu'on remettait en cause dans le brillant Goldeneye(1995)? Où est donc passé cette volonté de rester connecter au monde réel? Car même si Demain ne meurt jamais(1997) et Le monde ne suffit pas (1999) n'ont pas su égaler le premier volet du "cycle Brosnan", ils ont toujours au moins essayé de rester en lien avec l'actualité. Mais bon, une remise en question post- Guerre Froide semble avoir suffit. Donc, pas besoin de faire une piqûre de rappel à une période où le monde a brusquement changé? Apparemment oui. On se contentera donc d'un volet désincarné, car trop occupé à faire jeu égal avec les nouveaux venus dans le domaine de l'action. Ce qui paradoxalement contribue à ringardiser encore plus 007. Dans cette intrigue, mêlant action et fantastique, on est plus proche de Moonraker et Octopussy, à notre grand regret, qu'à Bon Baisers de Russie ou...Goldeneye. On sent que Brosnan ne sait plus trop sur quel pied danser, et il se débat comme il peut le bougre. Qu'il se rassure, il reste impeccable. Halle Berry assure bien dans le rôle de la "James Bond girl qui en a" malgré quelques moments limites. Toby Stephens est pas mal dans la peau de la némésis. Mais voilà, c'est bien tout ce qu'on a à se mettre sous la dent pour cet anniversaire, bourratif et indigeste. Il était temps que Daniel Craig prenne la succession.