Avis sur Întregalde

Le synopsis se veut mystérieux, mais il n'y a pas grand-chose à attendre de cette immersion dans une forêt en Transylvanie. Attendre est le maitre mot puisque c'est ce que font faire les personnages une fois leur voiture embourbée. Le problème du film est que l'on sait ce que l'on regarde et on sait que l'on ne regarde pas un film d'horreur. Il y a des films d'horreur qui se cachent et nous prennent par surprise, mais ce n'est pas le cas de ce "Întregalde". Et c'est bien dommage quand on découvre le cadre, les scènes de nuit ou encore les personnages secondaires inquiétants. En réalité, Radu Muntean nous met face à nos propres préjugés, nous qui pouvons avoir tendance à voir le mal partout. Il s'interroge aussi sur les limites de la solidarité avec des personnages dont c'est le métier qui pourrait bien surprendre en mal ou en bien dans cette délicate situation qui met tout le monde à bout de nerfs. Le film se laisse regarder, mais c'est vraiment sans plus.

Analyste mordant des relations humaines, dans le cadre du couple ou de la famille, le cinéaste roumain Radu Muntean avait depuis longtemps le projet de consacrer un scénario à ces citadins de son pays qui, quelque temps avant Noël, ont l'habitude d'apporter de la nourriture aux populations les plus déshéritées de Roumanie. Întregalde se déroule ainsi au fin fond de la Transylvanie où trois de ces "bienfaiteurs" vont devoir passer une nuit en rase campagne, leur 4X4 embourbé, au côté d'un autochtone sénile. Tous les ingrédients et l'atmosphère d'un long-métrage d'horreur sont réunis, au pays de Dracula, mais c'est bien de réalité sociale que traite le film, dans un ton amer et sarcastique, sur le fait de savoir si la générosité et l'altruisme de ces citoyens roumains BCBG ne s'apparente pas plutôt à des actes égocentrés surtout destinés à leur donner bonne conscience. Et comment, poussés à bout dans une situation extrême, ils ne sont pas capables pour un temps d'oublier leur sens de la solidarité. Întregalde est un film on ne peut plus roumain, dans le sens où les dialogues sont très nourris, peut-être un peu trop, et que sans avoir l'air de juger ses protagonistes, le réalisateur pose sur eux un regard sans aménité. Le caractère authentique de cette aventure est représenté par le personnage du vieux fou, joué par un non-professionnel, habitant du cru, qui renvoie ses compagnons d'une nuit à leurs propres contradictions.