J’avoue qu’avant de découvrir ce film, j’ignorais la problématique des algues vertes en Bretagne… Je connaissais les risques d’intoxication au sulfure d’hydrogène, provenant de la décomposition des algues (phénomène physique bien connu des installations qui manipulent des algues en grande quantité). Mais je ne savais pas qu’il y avait une telle omerta en Bretagne.
« Les Algues Vertes » s’inspire en fait d’une vraie enquête journalistique, qui a débouché sur des chroniques de radio, un livre, une BD, et donc ce long-métrage de fiction. Le message est assez clair : la Bretagne a été transformée en région d’agriculture intensive. Les engrais rejetés atteignent la mer, et provoquent le développement massif de ces algues. Qui échouent ensuite sur les plages, et font occasionnellement des victimes. Mais l’état, les élus, les syndicats agricoles ferment les yeux pour ne pas se remettre en question.
La production et la sortie du film ne furent pas de tout repos. Interdiction de tournage dans certaines zones, financement hésitant de la région, refus de projeter le film au sein du conseil régional de Bretagne… Mais aussi des avant-premières visiblement très fréquentées. Ce qui prouve qu’indépendamment de ses qualités, le film a atteint son objectif : chatouiller et faire débattre du sujet.
Quid de l’œuvre en elle-même ?
On sent la volonté de tourner une sorte de « Erin Brockovich » à la française. Avec cette journaliste qui débarque dans un environnement immédiatement hostile. Où mis à part les victimes et les militants, tout le monde l’accueille froidement, si ce n’est violemment. Ce qui permet d’élaborer une certaine tension tout au long du film.
Céline Sallette porte par ailleurs bien le rôle de cette journaliste déterminée, qui tombe peu à peu amoureuse de la Bretagne en décidant de vivre sur place pour mener son enquête. Tandis que la mise en scène tient la route, réalisée souvent caméra à l’épaule, apparemment pour contourner certaines interdictions de tournage (!).
En revanche, le film a tendance à faire un peu de surplace une fois son message clairement évoqué. On a du mal à voir où vont nous conduire le récit et les enjeux, puisque l’on sait que le problème est toujours là. J’ai aussi été un peu gêné par le manque d’objectivité du scénario. L’idée que l’agriculture génère indirectement une prolifération d’algues fait sens, mais elle n’est jamais démontrée à l’écran. Les idées opposées sont immédiatement balayées, qualifiées sans explication de fumisterie et de lobby.
De même, il y a cette scène où l’héroïne interviewe un dirigeant d’un grand syndicat agricole. Echange qui tourne rapidement au dialogue de sourd, la journaliste ne cherchant pas à écouter le bonhomme mais à lui imposer sa vérité. Question éthique et débat on aura vu mieux ! Certes, le film vise à se centrer sur cette journaliste qui visiblement fonctionne ainsi, mais tout de même…