Scandale sanitaire
Adaptation des algues vertes - l’histoire interdite, la bande dessinée d’Inès Léraud et Pierre Van Hove, tirée de l'enquête menée par Inès Léraud sur le scandale des algues vertes, le brûlot réalisé par Pierre Jolivet est un modèle du genre film-dossier-politiquement engagé.
À la suite de morts suspectes, Inès Léraud, jeune journaliste, décide de s’installer en Bretagne pour enquêter sur le phénomène des algues vertes. À travers ses rencontres, elle découvre la fabrique du silence qui entoure ce désastre écologique et social. Face aux pressions, parviendra-t-elle à faire triompher la vérité ? 107 minutes construites comme un thriller qui tiennent en haleine de bout en bout et qui, c’est le moins qu’on puisse, au final, ne vous donne pas une pêche d’enfer. Notre monde est aussi moche qu’il est en danger.
On doit des égards aux vivants, on ne doit aux morts que la vérité. C’est la sentence de Voltaire qui est mise en exergue dès la 1ère image de ce film à voir absolument. Jolivet est un cinéaste engagé, une sorte de Ken Loach – avec moins de talent certes -, à la française, qui sait poser des problèmes à chacun de ses films – Fred, Ma petite entreprise, En plein cœur, La très très grande entreprise, Mains armées, Jamais de la vie, Victor et Célia, Les Hommes du feu -, bref, un palmarès éloquent en matière de films sociaux et politiques au vari sens du terme. Ici, même si on nous annonce que ce film est une fiction, on ne peut garder longtemps l’aspect très documenté du propos puisque le scénario s’inspire très largement d’une histoire vraie dont les différents épisodes sont tirés de l'enquête menée par Inès Léraud sur le scandale des algues vertes, basé sur deux axes principaux, l’aventure personnelle d’Inès et la découverte hallucinante de cette omerta. Le tournage a relevé du parcours du combattant tant les pressions et les menaces ont été nombreuses de la part des bretons eux-mêmes, des édiles et de certains agriculteurs. Et pour cause, car l’enquête sur les algues vertes met en lumière de façon éloquente le conflit entre les intérêts économiques qui nous gouvernent, et les intérêts réels des populations. Il révèle les mensonges d’État qui peuvent être diffusés pour semer le trouble dans les esprits et freiner les mobilisations. Récit d’un combat à la fois héroïque, obstiné et modeste A voir.
Céline Sallette, qu’on avait déjà vue dans un rôle assez similaire dans Rouge, en 2021, est tout simplement épatante. J’adore cette actrice toujours juste et investie dans ces incarnations. Elle est très bien entourée par Nina Meurisse, Julie Ferrier, Pasquale D’Inca, Jonathan Lambert, Clémentine Poidatz… Voilà une prise de conscience édifainte qui n’oublie pas d’être du cinéma… et du bon. Militant mais pas manichéen… une gageure difficile à tenir et pourtant… Jolivet a du talent à revendre, mais ne nous remonte pas le moral quant à l’état de notre planète en général et de certains coins de France en particulier. Un film d’utilité publique.