Une ode à la Bretagne où,au travers de l'enquête d'une journaliste têtue et attachante, sont abordé l'homosexualité, la misère paysanne, la puissance politique de la FNSEA, la difficile lutte des membres de l'association "eaux et rivières de Bretagne", la liberté de la presse, les conséquences environnementales de l'élevage intensif. A voir et à revoir sans modération.
« Quand tu t'approches des algues vertes, ça pue dans tous les sens du terme. » C'est peu de le dire et c'est ce que va découvrir Inès Léraud lorsqu'elle commence à enquêter sur les morts de personnes et d'animaux qui seraient liées à un taux extrême d'H2S à cause des algues vertes et plus globalement d'un système à revoir totalement. Un système impossible à toucher où tout le monde protège ses propres intérêts que ce soit les agriculteurs qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts, les collectivités, les syndicats ou encore les politiques. "Les algues vertes", c'est un scandale écologique, sanitaire et donc politique. Et quand on touche à certains milieux, il faut s'attendre à avoir des bâtons dans les roues. Entre le mutisme des gens et les coups de pression, la journaliste doit tout faire pour briser l'omerta. Ce film de Pierre Jolivet, qui est pour moi l'un de ses meilleurs, est captivant, important et pédagogique. Pour se défendre, certains diront peut-être qu'il y a un parti pris, mais j'ai trouvé le récit très clair et informatif sur l’impact des lobbyistes et les conséquences de l'industrialisation de l'agriculture sur les principaux concernés et nous en bout de chaine. Une vraie réussite.
Même s'il ne prétend pas être un chef d'œuvre du 7ème art, "Les algues vertes" est un film important du fait de son sujet : la dénonciation de l'omerta qui réunit l'industrie agroalimentaire, la FNSEA, certains services de l'état, la justice et de nombreux élus locaux contre celles et ceux qui cherchent à faire la lumière sur le scandale des algues vertes, ces "laitues de mer" qui, certes, ont toujours existé dans certaines baies de Bretagne mais qui, "nourries" par ce qui provient des exploitations agricoles de la région (En Bretagne, il y a 2 fois plus de porcs que d'habitants !), sont devenues un véritable fléau et ont causé de nombreux décès dus à l'inhalation de H2S (sangliers, joggers, chauffeur de camion de ramassage des algues vertes, ...). La journaliste Inès Léraud (par ailleurs ancienne élève de la Fémis et de l'École Louis-Lumière) s'est intéressée très tôt à ce sujet, au point de venir s'installer en 2015 avec sa compagne à Maël-Pestivien, au sud de Guingamp, au point de mener une enquête sérieuse en rencontrant, c'est évident, de nombreuses difficultés, au point de réaliser durant 2 saisons "Un journal breton" diffusé sur France Culture dans l'émission "Les pieds sur terre" et, enfin, au point d'adapter son reportage en 2019, avec le dessinateur Pierre Van Hove, dans la bande dessinée "Algues vertes, l'histoire interdite". De tout cela Pierre Jolivet a fait un film de fiction très proche de la réalité, Inès Léraud ayant participé au scénario et jouant le rôle de conseillère technique durant le tournage. C'est Céline Sallette qui a été choisie pour interpréter le rôle d'Inès Léraud, un choix particulièrement judicieux.
J’avoue qu’avant de découvrir ce film, j’ignorais la problématique des algues vertes en Bretagne… Je connaissais les risques d’intoxication au sulfure d’hydrogène, provenant de la décomposition des algues (phénomène physique bien connu des installations qui manipulent des algues en grande quantité). Mais je ne savais pas qu’il y avait une telle omerta en Bretagne. « Les Algues Vertes » s’inspire en fait d’une vraie enquête journalistique, qui a débouché sur des chroniques de radio, un livre, une BD, et donc ce long-métrage de fiction. Le message est assez clair : la Bretagne a été transformée en région d’agriculture intensive. Les engrais rejetés atteignent la mer, et provoquent le développement massif de ces algues. Qui échouent ensuite sur les plages, et font occasionnellement des victimes. Mais l’état, les élus, les syndicats agricoles ferment les yeux pour ne pas se remettre en question. La production et la sortie du film ne furent pas de tout repos. Interdiction de tournage dans certaines zones, financement hésitant de la région, refus de projeter le film au sein du conseil régional de Bretagne… Mais aussi des avant-premières visiblement très fréquentées. Ce qui prouve qu’indépendamment de ses qualités, le film a atteint son objectif : chatouiller et faire débattre du sujet. Quid de l’œuvre en elle-même ? On sent la volonté de tourner une sorte de « Erin Brockovich » à la française. Avec cette journaliste qui débarque dans un environnement immédiatement hostile. Où mis à part les victimes et les militants, tout le monde l’accueille froidement, si ce n’est violemment. Ce qui permet d’élaborer une certaine tension tout au long du film. Céline Sallette porte par ailleurs bien le rôle de cette journaliste déterminée, qui tombe peu à peu amoureuse de la Bretagne en décidant de vivre sur place pour mener son enquête. Tandis que la mise en scène tient la route, réalisée souvent caméra à l’épaule, apparemment pour contourner certaines interdictions de tournage (!). En revanche, le film a tendance à faire un peu de surplace une fois son message clairement évoqué. On a du mal à voir où vont nous conduire le récit et les enjeux, puisque l’on sait que le problème est toujours là. J’ai aussi été un peu gêné par le manque d’objectivité du scénario. L’idée que l’agriculture génère indirectement une prolifération d’algues fait sens, mais elle n’est jamais démontrée à l’écran. Les idées opposées sont immédiatement balayées, qualifiées sans explication de fumisterie et de lobby. De même, il y a cette scène où l’héroïne interviewe un dirigeant d’un grand syndicat agricole. Echange qui tourne rapidement au dialogue de sourd, la journaliste ne cherchant pas à écouter le bonhomme mais à lui imposer sa vérité. Question éthique et débat on aura vu mieux ! Certes, le film vise à se centrer sur cette journaliste qui visiblement fonctionne ainsi, mais tout de même…
La Bretagne : cette magnifique région vraiment à part, semblant un peu perdue au bout de la France, mais finalement au coeur de la mondialisation de par ses pratiques hyper industrialisées au niveau agroalimentaire. C'est ce paradoxe que va soulever la journaliste Inès Léraud (son vrai nom dans la vie réelle) : elle aime investiguer dans des affaires d'enjeux de santé public liés à l'environnement, ou plonger son nez dans des luttes contre la criminalité industrielle. Ce biopic retrace le combat de cette femme face au fléau des algues vertes sur ce territoire, une véritable menace toxique s'étant développée ici suite à la pollution des eaux et des sols en liaison directe avec l'expansion démesurée et incontrôlée de l'agriculture intensive. Une femme pleine de conviction et de courage, pour un film d'actualité réussi, convaincant et très intéressant. Du bon cinéma réaliste d'information. Site CINEMADOURG.free.fr
Un sujet fort et un film très bien documenté. Ça c'est pour le fond. Sur la forme, c'est malheureusement très plat, la réalisation est très datée, cela manque de rythme, les enchaînements sont laborieux et les dialogues semblent un peu récités. Mais le film doit être vu pour son côté pédagogique.
Un film d’investigation sur une omerta locale un peu trop sobre et didactique, mais sincère et engagé, porté par la pugnacité de la très convaincante Céline Sallette. 2,75
Inspiré de faits reels mais problème des algues vertes toujours pas résolu et difficile a résoudre car trop de partie éloigné entre écologiste , tourisme et agriculture. Film assez didactique , les acteurs sont pas mauvais mais parfois un peu longuet.
Les films dossiers , généralement j'adore ça, même si c'est fait avec sincérité ici, me paraît trop classique du long métrage d'investigation vu très souvent au cinéma ! Le cinéaste Pierre Jolivet nous emmène dans la Bretagne ou les faits ont eu lieux là-bas, "Les algues vertes" tuent des personnes, une journaliste nommé Inès, se voit confiés à Paris un dossier par un inconnu. Elle est très intrigue par ces papiers au point de mener une enquête, ou un reportage, dans un patelin Breton ou des gens restent pour certains le silence, d'autres menaçants et quelques uns voulant prêt à dire la vérité. Les faits durent des années et la journaliste, qui vit avec son amie en Bretagne, prend trop à cœur au point de rester sur les lieux jusqu'à terme. Le sujet est traité avec honnêteté, c'est clair, mais le déroulement de l'histoire n'est pas nouvelle au cinéma, c'est dommage. Céline Sallette amène de l'énergie à son personnage comme il faut bien secondes par les comédiens autour d'elle. La Bretagne, fidèle à elle, ne connaît que la pluie ( je déconne), plus sérieusement, elle est bien filmé, il faut le reconnaître.
Passionnante enquête, dans un thriller journaliste aux notes documentaires . Céline Salette est toujours aussi juste et sensible. Le couple qu'elle forme avec Nina Meurisse nous permet d'être dans une grande empathie et de suivre au plus près cette histoire finalement glaçante de vérité sur le fonctionnement de l'agroalimentaire.
L’humanité n’est pas foutue. Certains ont encore des convictions fortes, placent le bien commun au-dessus de leurs sorts personnels quitte à se mettre en danger. Et comme « La fille de Brest » qui contait le combat d’Irène Franchon contre les Laboratoires Servier ; Pierre Jolivet met en image le combat d’Inès Leraud pour dénoncer un scandale agro-alimentaire en Bretagne et ses algues vertes tueuses. C’est dire que le combat mérite d’être mené contre tout type d’industrie ; Pierre Jolivet a subi des pressions durant le tournage mais rien en comparaison d’Inès Leraud et les menaces de mort et intimidations dont elle a été victime. Ce film est donc un énième plaidoyer pour les lanceurs d’alerte, mais aussi le journalisme indépendant et « France Inter ». Le ton de la radio est présent tout le long du film, il y est même rendu hommage à Daniel Mermet avec cette citation au combien éloquente : « Les journalistes nationaux ne savent rien mais peuvent tout dire ; les journalistes locaux savent tout mais ne peuvent rien dire ». Au travers de cette phrase, on voie bien que localement les interdépendances, intérêts convergents et craintes multiples agissent comme une omerta généralisée. Tout le monde sait mais tout le monde se tait ; on doit sauver le modèle économique en place même si certains doivent y laisser leurs peaux. Donc les rapports d’autopsie disparaissent, les éprouvettes s’égarent,… Le film est bien entendu militant, mais jamais manichéen et toujours efficace et incarné ; c’est du cinéma engagé. Ces films dossier n’évitent pas un propos didactique. Mêler l’intime et les affaires publiques ne se fait aussi pas toujours sans quelques maladresses non plus. Mais ils portent toujours un message fort d’espérance sur la lutte menée contre tous les Goliath quel qu’ils soient. TOUT-UN-CINEMA.BLOGSPOT.COM
Un film engagé, nécessaire, qui brille aussi bien par son aspect documentaire que par l’illustration qu’il donne de belles valeurs humaines comme l’engagement, la dévotion, la solidarité, la ténacité. Sur le plan cinématographique rien de dingue mais les acteurs font tous le job sans fioriture. Même si le scandal semble évident, il faut tout de même garder à l’esprit que le film est quasiment uniquement à charge.
En traitant avec pudeur voire une certaine délicatesse son sujet, Pierre Jolivet évite tout pathos mais échoue à transformer son enquête journalistique en thriller ou du moins en récit nerveux. On suit ainsi avec méthode mais sans redite les avancées de la révélation du scandale des algues vertes en Bretagne (joliment filmée) tout en exposant les pressions auxquelles sont soumis ceux qui ne s'attachent qu'à la vérité - quitte à insister sur la vie personnelle de l'héroïne. D'ailleurs l'ensemble du casting, à l'instar de la réalisation, bien que sincèrement impliqué, manque d'aspérités ou de hargne pour atteindre la maitrise des meilleurs crus du genre. Utile, efficace mais trop suave pour cette thématique.