Mercredi soir, à l’Espace Saint-Michel, magnifique avant-première du film de Mohamed Nadif devant un public sous le charme.
Car derrière cette modeste production se cache un film profond et pétri d’humanité, sur les thèmes de l’amitié, de la solidarité et des meurtrissures psychologiques imposées aux femmes par une société marocaine encore largement dominée par le patriarcat.
Deux choses ont particulièrement retenu mon attention : la superbe interprétation des 4 héroïnes et le ton original du film.
Le réalisateur et co-auteur M. Nadif est d’ailleurs lui-même comédien. De Woody Allen à Clint Eastwood en passant par John Cassavetes, on ne s’étonne plus de la qualité du jeu dans les films réalisés par des acteurs ou actrices. Cette tendance est à nouveau validée avec « Les femmes du pavillon J », tellement les quatre comédiennes principales sont parfaites : Assma El Hadrami, Imane Elmechrafi, Jalila Talemsi et Rim Fathi, des noms à cocher !
Une autre réussite du film réside dans son ton, tout à fait personnel - entre drame et comédie - un peu dans l’esprit des grands films italiens des années 70 à caractère social, entre rires et larmes...
Sans être une comédie, « Les femmes du pavillon J » a ainsi le bon goût de nous offrir en cadeau quelques petits moments réjouissants, au milieu d’intrigues pourtant émotionnellement chargés.
Dans le débat qui a suivi la projection, les deux co-scénaristes M. Nadif et Assma El Hadrami (aussi actrice du film) ont révélé leur méthode de création. Ils ont donc écrit le film côte à côte, en parfait duo, jusque-là rien de très original, MAIS avec une singularité dans le processus d’écriture :
Alors qu’Assma tirait le ton général de l’histoire vers le drame, Mohamed tentait de son côté d’écrire plutôt une comédie, ton qu’il affectionne par-dessus tout. Et c’est ainsi que bon an mal an, à force de négociations et de compromis parfois douloureux entre les deux co-auteurs, ils ont fini par aller au bout de leur #scénario, faisant « pousser » ce ton si particulier et attachant.
C’est intéressant car je croyais jusqu’à présent en toute logique qu’une totale osmose sur un projet entre les co-auteurs était absolument nécessaire. Mohamed et Assma nous prouvent le contraire…
Une méthode originale qui a porté ses fruits (!) et ne pouvait que plaire au script-jardinier que je suis…
Bref, si vous êtes en région parisienne, ne tardez pas à découvrir « Les femmes du pavillon J » car comme tous les films d’art et essai, les premiers jours sont déterminants pour pouvoir rester à l’affiche.