On ne peut le nier, « Divertimento » est un bel hommage à la musique. La musique sous toutes ses formes, ses inspirations tout comme la manière dont on l’appréhende et celle qui fait qu’elle devient une passion, une raison de vivre. Peu importe qu’ici il soit question de musique classique et que le film soit inspiré d’une histoire vraie, cela aurait été de la techno ou du rock et inventé de toutes pièces, c’eut été la même chose. L’ode que la cinéaste fait à travers son nouveau long-métrage est prégnante et sincère.
Marie-Castille Mention-Schaar est une cinéaste discrète mais régulière, s’essayant à tous types de sujets, toujours dans le réalisme. Elle s’est frottée à des thématiques souvent sérieuses comme le sublime et déchirant « Les Héritiers », qui traitait de la mémoire et de l’Histoire dans une classe de lycée, ou encore « A good man », sur la question transgenre. Ce sont d’ailleurs ses œuvres les plus réussies. Elle a aussi tenté des films plus légers avec beaucoup moins de brio (et de succès) comme avec la comédie totalement ratée « Bowling » ou le très oubliable film choral « La Fête des mères ».
Ici, on est dans un entre-deux. Un film dont le sujet reste sérieux mais pas tragique et dont le résultat est bon mais pas transcendant. La faute à de nombreux petits défauts qui n’entachent pas pour autant un certain plaisir qu’on a à le visionner. Les scènes de répétition et de concert sont peut-être un peu trop nombreuses et répétitives, comme si la cinéaste avait choisi de construire « Divertimento » comme une partition musicale ou de chanson avec couplets et refrains. On a donc une scène de la vie des personnages suivie d’une séquence musicale et ainsi de suite de manière un peu trop programmatique. Et donc lassante. Ensuite, le personnage de la sœur, très bien joué par Lina El Harabi, souffre d’un traitement bancal. Pas assez développé pour être un premier rôle digne de ce nom et trop présente, mais de manière hasardeuse, pour être un second rôle. Il semblerait que le scénario n’ait pas su trancher et cela se ressent, il y a une frustration concernant ce personnage pour le spectateur. Enfin, comme souvent chez Mention-Schaar, la forme est de facture très (trop) classique, le visuel manquant de panache et de personnalité hormis quelques fulgurances en pointillés. On pense notamment aux moments où le personnage principal répète sur les toits de la cité ou quand des bruits de fond se transforment soudain en mélodie via son oreille.
« Divertimento » nous happe tout de même au final par son côté vivifiant. La trajectoire de cette jeune fille passionnée et motivée nous emporte et c’est en grande partie grâce au talent de Oulaya Amamra. Son énergie et sa justesse de jeu sont indéniables et elle est pour beaucoup dans la réussite du film. Ensuite, il fait plaisir de constater que l’on peut montrer une famille issue de l’immigration bien intégrée, très instruite et cultivée tout en évacuant tous les clichés sur les cités. C’est rare et même si le film se déroule au milieu des années 90, cela est galvanisant, surtout en cette période compliquée pour la France. Les valeurs édictées ici, entre mixité sociale et diversité culturelle, sont belles et pas martelées de manière naïve. On apprécie également de voir le grand Niels Arestrup dans un second rôle qui lui va comme un gant et le sublime final, certes très happy-end feel-good movie, finit de nous convaincre de la simplicité et de la bonté d’un beau film sur la musique et la manière de la vivre.
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