Sans la musique, la vie serait une erreur (Nietzsche)
La musique et Marie-Castille Mention-Schaar, voilà ls deux raisons qui m’ont poussé à aller voir ce film. La musique, parce que c’est ma passion de toujours et cette réalisatrice, car c’est elle qui a signé Les Héritiers et Le Ciel attendra, des films émouvants qui s’attaquaient à des sujets graves de notre société. À 17 ans, Zahia Ziouani rêve de devenir cheffe d’orchestre. Sa sœur jumelle, Fettouma, violoncelliste professionnelle. Bercées depuis leur plus tendre enfance par la musique symphonique classique, elles souhaitent à leur tour la rendre accessible à tous et dans tous les territoires. Alors comment peut-on accomplir ces rêves si ambitieux en 1995 quand on est une femme, d’origine algérienne et qu’on vient de Seine-Saint-Denis ? Avec détermination, passion, courage et surtout le projet incroyable de créer leur propre orchestre. 110 minutes qui ne m’ont pas déçu, loin de là. Beaucoup d’émotion et de questions sociétales posées avec, en toile de fond, de l’excellente musique.
Décidément, les chefs – ou cheffes – d’orchestre ont le vent en poupe sur nos écrans. Après Maestro (s) et en attendant Tar, voici l’histoire vraie d’une jeune cheffe et de son orchestre. Basé à Stains, en Seine-Saint-Denis, et dirigé par Zahia Ziouani, l'Orchestre Symphonique Divertimento propose des concerts mêlant diverses esthétiques - grand répertoire du XIXème et XXème siècles, musique française, musique de films, musique traditionnelle, jazz, création contemporaine...-. Composé de soixante-dix instrumentistes, il se produit chaque année devant plus de 50 000 spectateurs. Il impulse également, à travers un engagement pédagogique fort, la rencontre entre les publics, les artistes et l’univers symphonique en proposant des actions de sensibilisation - concert éducatif, concert famille, concert-lecture, session de Diverticlasse, rencontres, atelier participatif, conférence illustrée, plume symphonique ...-. En 2008, l'orchestre a créé l’Académie Divertimento afin d’encourager la pratique musicale collective à destination du jeune public, toujours sous la baguette de Zahia Ziouani. Désolé pour cette longue citation de la plaquette de cet orchestre pas comme les autres, mais avant de parler cinéma, j’ai jugé utile que l’on de qui et de quoi on parle. Pour la cinéaste, nul besoin d’inventer quoi que ce soit car la réalité est beaucoup plus forte que ce que l’on pourrait imaginer... Et l’histoire de Zahia et de sa sœur jumelle Fettouma, violoncelliste de grand talent, se suffisait à elle-même. D’ailleurs, par souci de réalisme, ce sont de véritables jeunes musiciens qui sont à l’écran et les scènes sont tournées en son direct. Depuis Bowling en 2012, Marie-Castille Mention-Schaar continue son parcours résolument féministe. Et vous pensez aisément que, en 1995, vouloir être à 17 ans, cheffe d’orchestre, d’origine algérienne et vivant en Seine-Saint-Denis demandait à la fois une persévérance hors norme et une bonne dose d’inconscience. C’est tout ce parcours que nous raconte avec talent et sensibilité ce très beau film.
Le casting pouvait s’avérer être le point faible. Mais grâce à une excellente direction d’acteurs, Oulaya Amamra et Lina El Arabi, sont aussi plausibles que remarquables. Niels Arestrup s’avère très convaincant et sobre dans le rôle du Maestro Sergiu Celibidache. Citons encore Salomé Desnoues, et l’excellent Zinedine Soualem. Et remercions au passage, Mozart, Prokofief, Ravel, Schubert, Dvorak et quelques autres sans lesquels ce merveilleux film ne serait pas ce qu’il est.