Festival de Cannes, séance du Lendemain bien paisible après une Première soi-disant agitée (les spectateurs qui quittent la salle, les échos écœurés sur la Croisette... on connaît, on l'a chaque année, au final pour beaucoup de vent)... Alors, esbroufe ? Grand retour de Cronenberg ? Ni l'un, ni l'autre. Les Crimes du Futur se place dans un entre-deux vicieux qui lui promet malheureusement l'oubli prochain dans la filmographie de David Cronenberg. Pas novateur pour deux sous (un melting-pot de tout ce que le réalisateur a fait jusque-là, à très forte tendance son propre premier film - atroce - Les Crimes du Futur et un brin - beaucoup - de Existenz), mais avec un bon casting (Viggo Mortensen et Lea Seydoux en forme, en revanche vous pouvez zapper votre envie de voir Kristen Stewart : cumulées, ses scènes doivent durer 7 minutes, et son personnage est totalement dispensable... Marketing, vous dites ?), et surtout de très bons thèmes : qu'est-ce que la vie sans douleur ni sensations, qu'est-ce qu'un corps qui évolue vitesse grand V, mutilations et art vont-ils ensemble, la célébrité par le glauque, etc... Avec même une petite note écolo à la fin, Les Crimes du Futur nous a bien surpris sur ses questionnements, malgré un manque cruel d'approfondissement de chacun des thèmes (on aurait pu aller bien plus loin dans l'éthique, la philo, le macabre et le voyeurisme...). On râle un peu en constatant que le film nous pointe du doigt tous ces jolis sujets parfaits pour des débats intenses, mais n'en fait pas grand chose, si ce n'est y trouver l'occasion de mettre les mains dans le cambouis (l'abdomen de Viggo Mortensen, tous organes dehors) pour essayer de faire lever les plus sensibles de leur siège. Pour nous qui ne pouvons pas regarder les scènes d'opération des séries médicales (Good Doctor nous donne des sueurs, et pas forcément à cause de Freddie Highmore), le côté "trash" des Crimes du Futur est raté, on y a été totalement indifférent, du fait de l'animation numérique peu crédible des opérations, et des prothèses en plastoc. La musique d'Howard Shore est certainement ce qui se démarque de mieux dans cette production, bien que le réal en abuse souvent, cela reste une très belle partition de basses sourdes qui collent bien à l'ambiance poisseuse du film. Bref, même s'il n'est pas un mauvais film, ce film (au titre à ne pas confondre avec l'abominable premier de Cronenberg) pose des questions malines, même s'il peine à avoir lui-même assez de finesse pour y répondre copieusement. Une belle musique à mentionner.