Après (l’énorme) déception The Lovers, j’ai tenté un nouveau Tsui Hark, cette fois dans un registre totalement différent, un film d’action pur et dur, et il n’y a pas à dire, ça m’a comblé.
Film prenant qui passe à toute allure, une mise en scène explosive et un scénario extrêmement efficace, c’est superbement foutu. Toutes les scènes d’action sont splendides, jusqu’à ce niveau-là c’est effarant, très longues et multiples, c’est la principale composante du film, et dans ce domaine Tsui Hark se révèle un maître. L’histoire est en parfaite symbiose avec toute cette action, franchement tout le film passe comme une lettre à la poste, c’est hallucinant de se dire qu’un film aussi riche, dense, vaste (l’histoire l’est quand même pas mal, il faut attendre longtemps avant que la situation soit réellement posée), se révèle aussi fluide.
Et c’est peut-être sur un détail que Tsui Hark parvient à faire quelque chose de grand. Au-delà du scénario tenace et de l’exemplaire mise en scène, j’ai trouvé qu’il y avait une cohérence parfaite tout au long du film. Vous savez tous ces petits détails qui font évoluer chaque scène, dans beaucoup de films certains on se dit « bof c’est tiré par les cheveux », voire « surréaliste », et là non, au contraire, même les évolutions de chaque scène en ce sens sont ultra-travaillées, il y a une précision, un souci de netteté et de cohérence de l’histoire, rarement vu à un tel niveau. Cela contribue donc à rendre le film limpide, et le rythme élevé ne nous lâche donc jamais.
En ce qui concerne l’histoire même c’est intelligent, on part d’un début assez comique, puis on retrouve le héros au cœur d’une machination, se mettant à devoir à protéger un camp puis un autre, puis pourchasser son ami jusqu’à s’allier avec lui, il y a un suspens terrible dans toutes les scènes d’action, lors de la réception, puis au sous-sol du parking, également dans cet espèce de bidonville – la caméra qui plonge des hauteurs jusqu’aux tréfonds dégueulasses, énorme – et enfin dans la gare de train, tant de lieus anodins où deux camps s’affrontent, l’intensité est rare, c’est juste… exemplaire. Voilà sur tous les points de vue ce qu’a accompli Tsui Hark est exemplaire, rien à redire, très beau boulot.
Après si je devais émettre une critique envers ce film, c’est simplement que cette exemplarité constitue justement… une limite au film. Cela arrive à certains films (comme ….), où l’on se dit que le réalisateur a tout fait, et qu’il n’aurait pas pu faire mieux. Pour autant je n’ai pas trouvé le film exceptionnel, au niveau du film d’action c’est parfait, il n’y a rien à dire, mais ça s’arrête là il n’y a pas vraiment d’autres enjeux qui complètent ce genre, et paradoxalement on ne voit pas Hark faire autre chose… C’est donc super, on a conscience qu’il a atteint un point sublime en la matière, mais ce n’est pas exceptionnel quoi. Bref voilà c’est plus un constat « extérieur » au film, mais en tout cas un petit bijou ce Time and Tide.