Bryan Singer, sur les solides bases d’un premier volet teinté de trop d’académisme, parvient enfin à lâcher la bride de la bande dessinée pour donner vie à une véritable œuvre de cinéma, héroïque, fantaisiste et surtout plus spectaculaire. Les X-Men passent la deuxième vitesse avec un certain panache, même si là encore, certaines lacunes prépondérantes à une œuvre originale sans doute trop épaisse, viennent obscurcir la parfaite lecture de cette adaptation. Cependant, le progrès est incontestable, l’évolution intéressante et la profondeur du propos nettement plus travaillée. Si Wolverine tient encore une fois la vedette, plus de place est laissée à l’ensemble des protagonistes, chacun y allant de l’usage relativement maîtrisé des ses pouvoirs respectifs, cette fois-ci non pas dans le but exclusif d’en mettre plein la vue mais plutôt au service d’une narration constructive, force première de ce deuxième opus de X-Men.
A quelques séquences près, notamment une chasse aérienne avec tornades et tout le tremblement d’un mauvais goût certain, ce deuxième opus démontre une réelle évolution visuelle. Alors que l’opus de 2000 faisait preuve de nombreuses lacunes dans ce domaine, ici le travail est soigné, plus explicite, plus spectaculaire. Le propos sous-jacent de l’évolution humaine est lui-aussi plus développé, de même que la notion de peur de l’inconnu, de la politisation de la situation. Le propos est très habile, même si ici l’action prend d’avantage le pas sur le film que la relation conflictuelle entre humanité et mutants, entre clans mutants aux idées radicalement différentes. Tout le monde participe semble t-il à écrire l’histoire qui une fois encore est fortement perturbée par les actions du dénommé Magneto, protagoniste le plus consistant de la franchise et réel bonus à l’œuvre de Bryan Singer.
Un casting aux dimensions démesurées évolue en parfaite harmonie, fait d’arme remarquable de la part d’un cinéaste qui préfère optimiser une lecture d’ensemble plutôt que privilégier l’héroïsme d’un seul de ses personnages, là encore même si d’apparence, Hugh Jackman est là pour assurer le spectacle. Alors que le film aurait pu sombrer à de multiples reprises, Bryan Singer parvient à maintenir perpétuellement son œuvre à flot du fait unique de la qualité de la narration. Soyons franc, les X-Men peuvent parfois laisser transparaître un léger ridicule dans leurs conditions. Oui, des costumes kitsch, des looks improbables, des pouvoirs de dessins animés, mais chaque fois que le sentiment de se voir à contempler une œuvre enfantine fait son apparition, l’habile écriture du scénario nous renvoie devant le fait accompli. X-Men, deuxième volet, est un film mature se cachant sous les traits d’un calque de pages de bandes dessinées.
Sans doute le meilleur opus de la trilogie initiale, pour autant inférieur au travail du génial Matthew Vaughn sur First Class, X-Men 2 démontrent que seul un réalisateur capable du meilleur puisse parvenir à maintenir assez de cohésion au récit pour que la franchise ne sombre pas dans la mascarade. L’annonce de retrait de Bryan Singer de la franchise laissant entrevoir de sombres lendemains. Pour autant, la saga aura encore de beaux jours devant elle. 14/20