D'un réquisitoire contre la peine de mort, Michel Drach n'a pas peur de verser "Le Pull-over rouge" (France, 1979) dans le grief caricatural. Film de conjecture, en pleine campagne contre la peine de mort, bassement de gauche, la répirmande serait partagée voire célébrée si la mise en scène de Drach n'était pas en total désaccord avec l'interprétation de ses acteurs. Champs-contre champs à 180° (à la Ozu) mais à l'emploi impertinent, acteurs impliqués autant qu'ils y croient et plans hasardeux, jamais bancals mais toujours incertains, le réalisateur et ses acteurs semblent ne pas communiquer, un comble pour un film ultra-humaniste, jusqu'au pathétique. Car c'est la poigne du drame qui semble vouloir forger le film. L'histoire de ce jeune garçon innocent (Serge Avédikian) que le scénariste, outrageusement bien davantage qu'une providence, semble destiner coûte que coûte à la peine de mort. Ersatz grossier de "M" (Allemagne, 1931) de Fritz Lang, où l'opinion gronde comme une menace pour le seul individu coupable. La semblance ne cesse pas là, le choix du crime (rapt d'une jeune fille et meurtre de celle-ci), comparable à celui du chef d'oeuvre de Lang est bien trop évident pour être fortuit. Démagogue dans chacune de ses scènes, le film n'évoque même pas la pitié par trop de sous-lignements. Drach rendant les émotions trop évidentes, évinçant donc l'évocation de l'(in)humanité des êtres, le film se livre sans saveur, amer de trop de sucrerie. L'image finale jaunis, archive d'une erreur judicière, où le visage d'Avédikian crispé par la terreur crie : "Réhabiliez-moi !" sonne comme une photo-sensation sur l'horreur de la guillotine qui se prépare à trancher. Bien davantage un film spectaculaire qui décredibilise la vértiable question de la peine de mort qu'une oeuvre humaniste, "Le Pull-over rouge", s'il est politique, est une oeuvre démagogique, flatteuse des larmoiements piteux.