Ce film traite du procès de Christian Ranucci, antépénultième prisonnier exécuté en France. L'histoire se déroule à Marseille, le 3 juin 1974. Une fillette
de 8 ans disparaît. Une heure plus tard vers 12h00, deux voitures ont un accident à un carrefour non loin de là, l’une d’elles prend la fuite. Le véhicule immatriculé 1369 SG 06 est retrouvé. Le conducteur s’appelle Christian Ranucci, il a 22 ans. Lorsque la police découvre le corps mutilé de la jeune victime, la population locale est en émoi. Ranucci doit être sévèrement puni
... Le scénario, de Michel Drach, est une adaptation du roman éponyme de Gilles Perrault, contre-enquête du procès de Christian Ranucci, qui le conduisit à la guillotine le 28 juillet 1976. Le livre publié en 1978 fait naître le doute sur la culpabilité du condamné et ouvre aussi la question sur la peine de mort. C’est sur cette base que Michel Drach a travaillé. La réalisation est simple mais efficace. Elle se passe d’artifices stylistiques et met l’accent sur l’aspect informatif, prépondérant vis-à-vis de l’art cinématographique en tant que tel. Les faits sont détaillés avec minutie, c’est un point manifestement important pour le réalisateur. Michel Drach se sert en premier lieu d’un montage ciselé pour reconstituer toute l’histoire. Des sauts dans le temps ou des commentaires, parfois dirigés, poussent l’adhésion du spectateur à la thèse soutenue par son film. Le drame démarre sans autre prologue que
l’enlèvement de la petite
. La caméra omnisciente lèche les personnages et dépeint toutes les forces en présence : l’angoisse de la famille, l’intimité du coupable, le sort terrible de l’enfant, sans oublier la pression populaire sur l’enquête et le système judiciaire. Toujours elle reste pudique, ne dévoile ni le corps, ni comment en France on peut encore "couper un homme en deux". Michel Drach évite ainsi de verser inutilement dans le film polémiste. Avec des journalistes intrusifs et des protestations passionnées dans les rues, il critique au contraire la polémique médiatique qui eut lieu quelques années auparavant autour de l’affaire, mais reconnaît dans le même temps la légitimité de l’indignation générale. Il parle des contradictions multiples dans l’accusation, des vices de forme incroyables, et dévoile une procédure à charge uniquement. La juge d’instruction paraît outrageusement caricaturée. Sa virulence déplacée marque au vif une justice pressée par les observateurs, privée d’indépendance, totalement dépassée par la quête de la vérité. Les acteurs sont grandioses pour conclure. Bref, un très bon drame policier en définitive, ainsi qu'un très bon film sur la justice et le système pénal