Introduction:
C’est en 1982 que Steven Lisberger réalisa « Tron », une époque ou la technologie et les jeux-vidéos n’étaient qu’à l’état « embryonnaire ». Et pourtant, c’est avec une démarche presque avant-gardiste que Disney proposa aux spectateurs de découvrir des acteurs de cinéma réels évoluant dans un monde informatique avec ses codes et ses règles à travers un design et une réalisation complètement hors du commun ! Malgré son échec commercial, « Tron » est devenu par la suite une œuvre culte pour son aspect technique révolutionnaire.
2010-2011, nous sommes donc pleinement rentré dans l’ère du numérique. Portable, internet, réseaux…toutes ces technologies font parties inhérente de notre quotidien. L’homme est plus curieux et apte à apprendre, à approfondir ses connaissances à travers l’ère du numérique et c’est comme un symbole que Disney décida de relancer la franchise « Tron » 29ans plus tard. Comme s’il s’agissait du moment opportun pour relancer au public et aux fans l’ultime défi : « Êtes-vous maintenant prêt à jouer ? »
« L’expérience Tron en IMAX »
Avant de rentrer dans le vif du sujet il faut savoir que l’auteur de ces lignes compta bien monter une association anti-3D. Voir les studios faire le forcing pour foutre tout et n’importe quoi en 3D me fait littéralement gerber. A la limite que les cinémas laisse le choix aux spectateurs « ok » mais nous forcer à regarder un film en 3D qui n’a pas été tourné pour l’occasion c’est juste de l’attrape couillon. Fin du coup de gueule, début de la déprime car lorsque j’ai su que la suite de Tron allez être en 3D j’ai d’abord réfléchi entre l’utilisation d’une corde assez solide pour la mise en scène de mon suicide et le faite de me dire que: « cette fois, ça peut le faire mais on y va en IMAX sinon rien. ».
Début d’une once d’espoir.
C’est donc dans des conditions optimales que nous avons pu découvrir la suite des aventures de Kevin Flynn. Sachez pour ceux qui n’ont jamais été dans une salle IMAX que l’expérience vaut vraiment le coup et que c’est seulement de cette façon que vous pourrez juger « Tron l’héritage » de la meilleure des manières qui soit. Oubliez (pour ceux qui n’ont pas de chance avec leurs salles et leurs projectionnistes) l’image terne, floue et le son qui crépite ou qui bascule soudainement en stéréo. Place à un plus grand écran et un son d’une pureté acoustique parfaite ! La qualité d’image proche d’un Bluray est parfaitement bien gérer puisque même avec les lunettes (légèrement différentes de celles utilisés pour les salles classiques) il n y a presque aucune perte de luminosité ce qui nous à permis de profiter enfin d’une certaines clarté.
Lunette sur le pif, l’introduction du label IMAX fait trembler nos sièges, le générique du début ce lance sur « The Grid » première instru du film composé par Daft Punk. C’est tout simplement une autre manière de découvrir un film au cinoche et comme le dit Wolfi au professeur Xavier « c’est grand, c’est rond, c’est bien ».
« Welcome to the Grid »
C’est effectivement sur les chapeaux de roue que commence le film. 40 premières minutes tonitruantes qui nous placent directement dans le vif du sujet. Quelques explications ici et là à travers le passé du jeune Sam Flynn, des images d’archives pour expliquer aux nouveaux venus les enjeux scénaristiques, l’entreprise ENCOM, la disparition soudaine de Kévin Flynn et hop, sur la grille !
Toujours avec une volonté de rester fidèle au « Tron » de 1982, c’est avec un pur plaisir que l’on retrouve les duels aux disques ainsi que les fameuses courses de light cycles en revanche seulement une seule course sera de la partie mais alors, quel morceaux d’anthologie les amis !
Dommage par la suite que le film souffre d’un léger problème de rythme car après les 40 premières minutes passées, un léger ventre mou se fait ressentir. On sent ici les limites de Kosinski en tant que réalisateur (premier long oblige). S’il est sûr que le bonhomme sait y faire dans la mise en scène des séquences d’actions, la gestion de l’environnement si particulier de Tron (le plus gros quoi) il n’en ai pas de même en ce qui concerne la gestion du rythme de ses séquences « hors action ». C’était de toute façon à prévoir car en étant le digne héritier d’une œuvre devenu culte non pas pour son scénario mais bien pour son aspect visuel et son contexte, Kosinski livre une version actualisée avec les mêmes qualités et les mêmes défauts. Le plus frustrant c’est que le scénario peut effectivement s’apparenter une fois de plus à servir de prétextes afin de laisser place au jeu. Cela dit on sent bien que Kosinski semble avoir eu une réelle volonté de rendre l’univers de Tron un peu moins hermétique. Quitte à céder parfois à plus de simplicité pour les moins technophiles et tenter en vain de faire de Tron bien plus qu’un simple divertissement haut de gamme, Kosinski arrive néanmoins à offrir à la franchise une nouvelle orientation grâce à une fin intelligente et très bien trouvée.
Pour les acteurs, Jeff Bridges continue sur sa lancée tel un phœnix qui renaît de ses cendres le plus surprenant étant l’évolution de son personnage. Pas mal de personnes resteront partagées sur le changement de Kevin Flynn, à croire que la « zénitude » de Bill Django dans « Les Chèvres du pentagone » la poursuivit jusque sur les plateaux de Tron. Garrett Hedlund n’est pas du tout désagréable bien loin de ce que l’on peut entendre un peu partout. Sans forcer, en évitant d’en faire des caisses son interprétation est tout à fait honnête mais la petite perle reste bien évidemment la belle Olivia Wilde. Apportant une petite touche de féminité dans ce monde de geek, la jeune actrice c’est forgé un physique athlétique pour l’occasion. Belle avec son regard d’enfant rempli d’innocence en quête de savoir, Quorra est de loin le personnage le plus attachant du film.
Réalisation :
Il est clair qu’en ce début d’année 2011, « Tron l’héritage » frappe déjà très fort. Avec son univers si particulier il n’est pas étonnant de voir ce « Kosinski » aux commandes pour relancer la franchise. Pas étonnant car architecte de profession, Koskinski à notamment travaillé sur des spots publicitaires pour Nike, Chevrolet, Apple ou encore la bande annonce du jeu Gears of War dont il a reçu une récompense en 2007 pour les meilleurs SFX. Conscient de la densité de l’univers et de sa richesse, Joseph Kosinski nous fait une somptueuse « mise à jour » au sens propre comme au figuré de « Tron ». C’est franchement beau, BORDEL de m***e ! Les lumières sont magnifiques, la réalisation de Kosinski très aérienne est d’une fluidité exemplaire et l’expérience sensorielle est tout bonnement ahurissante. La 3D est enfin parfaitement bien utilisé et sert très bien le récit en même temps quels autres univers peut s’y prêter de la façon la plus cohérente qui soit ? L’introduction, l’entrée dans l’arène, les duels, la course des lights cycles…chacune de ses séquences donne un pur coup de frisson et absolument aucuns détails ne sont laissés au hasard. Le nouveau design de Tron dans son enssemble est un travail d’orfèvre particulièrement colossal réalisé par de vraies Artistes rien de moins !
Attendu aussi au tournant, Daft Punk signe une bande originale de très bonne facture. Certes les compositeurs n’ont absolument rien inventé, s’inspirant des « coups de violons » de la trilogie Bourne et des notes très longues et pesantes de Batman Begins et The Dark Knight orchestré par Zimmer et Howard. Mais pour une première compos c’est tout de même une franche réussite, leurs styles mélangés avec un orchestre symphonique donne un souffle épique à « Tron l’héritage ». La bande originale fait bien plus qu’accompagner les séquences, le thème principal qui intervient de manière récurrente tout au long du film est un véritable petit délice pour nos oreilles.
Conclusion :
Grâce à une utilisation judicieuse et intelligente de la 3D et du dernier cri en matière de technologie cinématographique, Joseph Kosinski nous livre un opéra numérique prodigieux. Hélas tout n’est pas parfait. On peut bien évidemment reprocher au métrage son petit problème de rythme et une structure narrative qui est resté bloquer dans les années 80. Peut-être que Kosinski voulait justement à tout prix éviter de tomber dans des explications métaphysiques foireuses à l’image de Matrix Reloaded et Revolution. Dommage de ne pas avoir pris le risque car en « sous-texte » l’idée mérite d’être encore mieux exploité. La condition de l’homme et son évolution, thèmes très « Matrixien » si présent dans « Tron l’héritage » semble « trop simple » Disney oblige probablement.
On peut espérer que ces thématiques puissent être exploitées dans un éventuel 3ème épisode car la fin débouche sur une nouvelle voie vraiment intéressante pour la franchise et franchement il y a maintenant matière à élever « Tron » un peu plus haut qu’au stade de simple divertissement de luxe. Tout comme le premier malgré ses défauts, « Tron l’héritage » se révèle être un véritable ballet électro/artistique et symphonique tout simplement flamboyant. Un spectacle de sons et de lumière magistral.
De l’art réalisé par une bande de geeks pour geeks, à consommer obligatoirement en IMAX on vous le dit !
Rédigé par Vincent N.Van du groupe Madealone