Produit par Disney avec un budget de presque 200 millions de dollars, présent dans tous les magazines bien avant sa sortie, Tron: l’héritage était probablement l’un des films les plus attendus de l’année.
Son réalisateur Joseph Kosinski vient de la pub, et ça se voit. On pourrait voir le film comme une pub géante pour Ducati, Apple, la LightCycle que conduit Sam dans l’univers numérique crée par son père, et surtout pour tous les goodies dérivés du film (motos miniatures, figurines, combinaisons, t-shirts, manettes lumineuses, etc.)
Le visuel est très hype, mais, alors que certains thèmes auraient pu être le point de départ d’une réflexion sur les rapports père/fils, créateur/créature, homme/machine, et donc d’un grand film, les personnages sont plats, le scénario est fade et complètement téléphoné, et les dialogues sont affligeants de clichés. Le seul symbolisme intéressant du film est celui de la lumière. Le rêve de Quorra/Olivia Wilde, dernier spécimen vivant des isomorphes, créature entre l’homme et le numérique, est de voir le coucher du soleil dont elle a lu la description dans les livres de la bibliothèque du père de Sam. Dans ce monde sans soleil, la lumière est présente partout, froide, synonyme d’une vie programmée et interchangeable, toute entière contenue dans le cercle au dos des habitants du jeu, et de mort (ces mêmes cercles servent à tuer, les programmes se désintègrent en explosions lumineuses, etc).
Et pourtant, pendant les deux heures du film, je n’ai pas détaché mes yeux de l’écran.
Il ne faut pas aller voir le film pour l’histoire, mais pour la qualité des effets spéciaux, des images, et de la bande-son plutôt réussie de Daft Punk. Les combats en 3D entre Adam et les programmes sur la grille, les courses poursuites en moto ou en avion de combat, la désintégration des programmes, l’architecture et les décors, en bref le design du film, voilà pourquoi Tron mérite d’être vu. Comme un objet à l’esthétique soignée et spectaculaire.