Le 13 janvier 2018, un message d’alerte missile nucléaire est diffusé sur tous les médias de Hawaï. Cette annonce d'une attaque du régime nord-coréen a semé la panique et la confusion parmi la population locale, avant d'être vite démentie. C’est Vincent Juillet, co-scénariste du film, qui a découvert cette incroyable histoire vraie dans un journal et a estimé que cela ferait une bonne matière pour un long-métrage. Melissa Drigeard a décidé de faire de cette affaire non pas le sujet de son film, mais un postulat pour évoquer les relations humaines. "Et puis il y avait quand même une part de comédie dans le sujet : la vraie fausse alerte, le fait que quelqu’un ait appuyé par erreur sur le bouton rouge et que le gouverneur d’Hawaï ait mis 45 minutes à retrouver le mot de passe pour désactiver le système ! Des histoires auxquelles on a du mal à croire, mais qui sont pourtant vraies."
Pour la réalisatrice, Hawaii est "une auscultation de tous ces non-dits et tiraillements dans un groupe en apparence soudé". Selon elle, bon nombre de thématiques abordées dans le film (la tromperie, le désir, le secret, l’argent, la réussite) peuvent résonner chez le spectateur. Écrire ce long-métrage a été cathartique pour elle, d'autant plus que cela s'est déroulé durant le confinement, entourée d'amis et de leurs enfants. "C’était fou d’écrire un film sur l’éventualité d’une bombe et de se retrouver en confinement. Autant dire qu’on était très inspirés".
Le film n'a pas été tourné à Hawaï mais sur l'île de la Réunion. "Bien que les deux îles soient distantes de plusieurs milliers de kilomètres, leurs paysages volcaniques se ressemblent à s’y méprendre, mais pas les villes. On a donc pas mal réécrit le scénario pour qu’il se déroule davantage dans la nature ou en bord de mer", révèle la réalistrice. Plusieurs éléments de décors, comme tous les intérieurs de l’hôtel, ont dû être construits. Il a fallu également trouver des accessoires qui donnent l'illusion d'être sur un territoire américain, des planches de surf aux voitures en passant par la signalétique routière.
La réalisatrice voulait des acteurs venus d'horizons différents. Elle avait en tête pendant l'écriture plusieurs films de bande, "avec l’idée que dans la plupart des cas, ce sont des bandes qui existent dans la vraie vie qui font un film ensemble. Là, la difficulté était de réussir à en créer une et que la mayonnaise prenne réellement. Le résultat a été instantanément au-delà de mes espérances. La com-plicité s’est imposée tout de suite. On était à La Réunion, on sortait tous de confinement, et c’était fantastique de se retrouver là-bas : il y avait comme une magie d’être ensemble, d’autant qu’on était conscients qu’on avait une chance folle d’avoir pu voyager, sans que personne n’attrape le Covid."