Cinquième réalisation de David Fincher, Panic Room est sans doute l’un de ses « moins bon films » car étant plus classique et tourné vers le cinéma de divertissement plutôt dans le cinéma de réflexion avec un scénario complexe et une mise en scène inspirée, quoique niveau réalisation, Panic Room reste du très grand Fincher, encore dans sa période punk virtuose. Meg Altman, la trentaine, a très mal vécu sa séparation avec son mari et angoisse à l’idée d’élever seule sa fille Sarah. Afin de commencer une nouvelle vie loin de ses craintes, Meg achète une immense et splendide maison située dans un quartier huppé à l’ouest de New York. Son ancien propriétaire y a fait construire au dernier étage une pièce de sûreté dans laquelle on peut se refugier en cas de menace extérieure et rester enfermé de nombreux jours grâce aux provisions qu’elle contient. Cependant, Meg n’aurait jamais pensée s’en servir dès le premier soir. En effet, trois cambrioleurs, Burnham, Raoul et Junior, ont pénétré dans la maison avec la ferme intention de dérober une somme de quatorze millions de dollars cachée par l’ancien maître des lieux. Tout porte à croire que le butin est dissimulé dans la chambre de sûreté, là où se sont réfugiés Meg et Sarah. Sorti en 2002, Panic Room succédait à la précédente réalisation de David Fincher, son chef-d’œuvre délirant et philosophique Fight Club porté par les impressionnants Brad Pitt et Edward Norton. A côté de lui, Panic Room paraît plus légé avec son scénario encré dans un thriller de divertissement pop-corn que dans le scénario schizophrénique et violent de Fight Club. Après ses films chocs et dérangeants, on pense bien évidemment à Seven et à Fight Club, apogée de sa période glauque et punk, David Fincher essaye de moins retourner l’esprit du spectateur mais continue de s’amuser avec nos nerfs, qui sont, il faut le dire, mis a rude épreuve devant Panic Room. Le film rencontra un joli succès auprès du public et des critiques : 1 316 088 entrées en France, 196 millions de dollars de recettes dans le monde dont 96 millions de récoltés sur le sol américain pour un budget de 48 millions de dollars. Alors certes, Panic Room fait figure d’œuvre mineure dans la filmographie de David Fincher, un thriller efficace et angoissant qui vous prend aux tripes jusqu’à la fin et qui remplit parfaitement le cahier des charges. Mais comme tous les films mineurs du réalisateur, comme par exemple Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes qui se situe entre le film complexe et le divertissement, cela reste quand même de la haute volée en terme de mise en scène et d’ambiance. Le film est ultra-divertissant mais ce qui lui permet d’être encore meilleur c’est bien grâce à la mise en scène démente du réalisateur. Avec des plans séquences géniaux où la caméra se balade dans la maison en passant à travers les serrures des portes, les poignées de cafetière, les murs et à travers les plafonds, le plan séquence d'arrivée des cambrioleurs constitue la meilleure scène du film, Panic Room reste un petit bijou de mise en scène signée David Fincher. Des scènes de suspense intense vienne faire angoisser le spectateur comme celle où Jodie Foster sort de la chambre de panique pour aller chercher un téléphone portable pendant que les cambrioleurs sont tous les trois en train de régler leurs comptes au rez-de-chaussée. Filmée au ralentit et accompagnée d’une musique angoissante, cette scène fait partie des meilleurs moments de tension du film avec également le grand final où s’affrontent les cambrioleurs restants et la famille Altman. On retrouve dans Panic Room tout le style qui a fait la renommée de David Fincher à savoir l’ambiance angoissante et sombre, la lumière jaunâtre, la violence et ajoutons également pour ce film la sensation d’isolement et de claustrophobie car l’action se déroulant entièrement dans la maison et la chambre forte. De plus la bande-originale est de grande qualité, normal elle est signée Howard Shore, compositeur du Silence des Agneaux, Seven et des trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit. La musique de Panic Room possède donc des sons puissants qui font monter la tension du spectateur. Encore une fois, un film de David Fincher possède toujours un générique original et très intéressant, celui de Panic Room se déroule en extérieur où les noms de l’équipe du film apparaissent entre les immeubles, on peut y observer une sorte de contraste puisque 90% du film se déroule en intérieur alors qu’ici on se promène entre les immeubles de New York. Enfin les acteurs sont très bons, le casting du film est vraiment pas mal : Jodie Foster en mère courageuse et protectrice, la jeune et débutante Kristen Stewart, Forrest Whitaker en « bon » cambrioleur, Jared Leto en méchant cambrioleur et Dwight Yoakam en cambrioleur psychopathe. Panic Room est donc un bon divertissement avec de bons acteurs où le spectateur est constamment sous tension même si le scénario reste relativement classique. Mais malgré ce classicisme, David Fincher réussit à livrer une mise en scène moderne et virtuose notamment avec d'ingénieux mouvements de caméra, fluides et déments comme dans Fight Club, ce qui donne beaucoup plus d’intérêt à son film. Et enfin pour en terminer avec Panic Room, le film signait la fin de la période punk de David Fincher qui s'apprêtait à entrer avec son prochain film, Zodiac sorti en 2007, dans un tout autre style de mise en scène, plus perfectionniste, plus classique, plus brillante.