Quelle déception! Voilà un film dont j'attendais beaucoup, et que je me réjouissais de voir enfin! C'est un film qui, a priori, ne s'adresse pas à tout le monde (et d'ailleurs il a eu, en salle, une carrière particulièrement courte eu égard à l'excellence des critiques); il faut aimer la musique classique, particulièrement Mahler, et s'intéresser au travail de direction d'orchestre. Bon, j'étais le coeur de cible, et pourtant le film m'a exaspérée.
Le réalisateur, Todd Field, de moi inconnu, nous délivre un objet filmique confus, sophistiqué, et pour tout dire, prétentieux. Lydia Tar (Cate Blanchett excellente comme d'hab...) est arrivée, après une brillante carrière, à la cinquantaine, à la tête du Philharmonique de Berlin, autrement dit, le top du top. La première partie du film est une succession de brèves séquences, de petits moments de vie qui, au début, avant que les choses ne se mettent en place, nous embrouillent plus qu'autre chose. Et puis, la gestuelle de Cate Blanchett, qui tente de mimer la direction de certains chefs adeptes du grand cinéma (moi, je préfère les directions sobres), non, c'est vraiment pas ça..
Nous la voyons arrogante, sûre d'elle, donnant des cours où elle se met beaucoup en scène, humiliant un étudiant qui préfère quitter le cours, avec des solliciteurs qu'elle traite avec une certaine condescendance, ou dans l'appartement (gigantesque, peu meublé de meubles design, carrés... un cauchemar!!) qu'elle partage, (quand elle n'est pas dans un autre appartement qu'elle occupe en propre) avec sa compagne Sharon, premier violon de l'orchestre (Nina Hoss) et leur fille (adoptée sans doute, à moins que Sharon ne l'ait portée: on n'en sait rien). Nous la voyons avec Francesca son assistante (Noémie Merlant), qu'elle traite plutôt en secrétaire, pour ne pas dire en boniche. En clair: une vrai tête à claque. Dans cet univers exclusivement féminin, passe aussi l'ombre d'une ancienne solliciteuse rejetée, qui a fini par se suicider....
Une bonne question: est ce que ce comportement, qui est celui d'un certain nombre de chefs vedettes, est mieux toléré, venant d'un homme? Et une autre question, plus perfide: est ce qu'une femme qui réussit et adopte un comportement de mec est nécessairement une homosexuelle éternellement vêtue de larges pantalons noirs accompagnés d'une chemise également surdimensionnée et de croquenots? Et est ce qu'un étudiant en musique humilié est forcément basané? De petites facilités, sans doute, que s'autorise le metteur en scène.
Arrive une nouvelle violoncelliste, Olga (Sophie Kauer), douée certes, mais aussi culottée et ravissante que la toute-puissante va favoriser, et là, tout va se détraquer...
La fin, plaquée artificiellement, est tout juste grotesque... Bref, à peu de choses près c'aurait pu être intéressant mais là, c'est raté.