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Un visiteur
2,5
Publiée le 9 décembre 2022
VUE EN AVANT-PREMIERE : Malgré un portrait de femme intéressant : «Tar» reste un film classique dans son ensemble. J’ai trouver le tout un peu fade, et manquant cruellement de consistance, d'ambition...c’est un peu dommage. On sent que c’est le genre de film à performance. D’ailleurs sans une grande interprète «Tar» se casserait la figure. Une grande interprète, elle en a une. Cate Blanchett. Habitée par son rôle, l’australienne aux 2 Oscars et qui pourrait en brider un troisième pour sa magnifique performance , se donne corps et âme. Nous offrant une interprétation aussi tourmenter que celle de Vivien Leigh dans «Un Tramway nommé Désir», aussi juste et soutenue que celle d’une Olivia Colman dans «The Lost Daughter».
Film de musiciens avec de vrais musiciens pour mélomanes passionnés! Une définition pertinente mais partielle du rôle de la cheffe d'orchestre est d'être la gardienne du temps, mais pas que... BERNSTEIN disait que la musique en mouvement peut "pleurer". La cheffe est "géniale et hors normes" mais en conséquence trop sensible, trop exacerbée, trop insaisissable, trop exigeante,... Accusée d'harcèlement moral, elle tombera dans l'extrême et dans la folie (spoiler: scène terrible d'agression en plein concert . Un sacré portrait de femme porté magistralement par Cate Blanchett!
Attention ! Grand film ! A la faveur des réseaux de cinéphile j'ai pu visionner "Tár" du comédien et réalisateur américain Todd Fields. Quel film ! Lydia Tár, cheffe avant-gardiste d’un grand orchestre symphonique allemand, est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Mais, en l’espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d’une façon singulièrement actuelle. En émerge un examen virulent des mécanismes du pouvoir, de leur impact et de leur persistance dans notre société. Le film débute par une conversation organisée par The New Yorker qui détaille l'ensemble de la carrière de cette Chef interprété par la fantastique Cate Blanchett accompagnée de Noémie Merlant ( tout aussi formidable) et Nina Hoss (brillante actrice allemande qui fait une belle carrière à l'International). Doté d'un CV incroyable cette sorte de Super Karajan force d'abord l'admiration puis son côté sombre et calculateur commence à poindre par des petits détails, conversations, actes du quotidien. Le film bascule alors dans une sorte de Dorian Gray sur fond de musique symphonique et Lydia sera rattrapée par les multiples cruautés et harcèlement qu'elle aura pu avoir envers ses élèves et ses pairs. Le suicide d'une des boursières de sa fondation braque vers elle les yeux de la justice, l'humiliation publique d'un des étudiants de sa master class à la Julliard School est remontée et postée sur Internet. Tout d'un coup son quotidien ultra contrôlé fait de voyages en jet entre New York et Berlin, de répétition de la cinquième symphonie de Mahler, préparation de son auto biographie, flirt avec une de ses étudiantes fraichement arrivée dans l'orchestre au nez et à la barbe de son épouse elle même violoniste va déclencher des réactions en cascades et s'achever dans le "sang et la douleur". Un film à Oscar pour de multiples raisons et qui explique sa sortie préalable aux USA afin de pouvoir concourrir aux précieuses statuettes. En salle chez nous le 25 janvier 2023. Bande annonce :
Le film a de bonnes notes chez les yankees. Pourtant, faire quelque chose d'intéressant au cinéma autour d'un chef d'orchestre ne semble pas évident. Le résultat est d'ailleurs épouvantable, c'est très mauvais. On a une première scène interminable, dans les 20 minutes, du genre Oprah Winfrey ou Michel Drucker dans son canapé rouge, en plus esthétique et plus "conférence" mais ça revient au même, avec un blablatage exaspérant. Le résumé du film est simple, il ne se passe rien ou à peu près. Hormis un esthétisme appuyé de l'image, mais maintenant on a ça dans tous les films, le relatif succès du film ne s'explique guère que par un certain mauvais goût de ses laudateurs, ou par le fait que le scénario caresse dans le sens du poil les inclinations du moment de ces laudateurs, par exemple leurs sensibilités aux discours féministes et LGBT très à la mode en Occident. Quoi qu'il en soit, voilà un film éviter absolument.
Très bon film ! Le retour de Todd Field après le très réussi (et ultra sous-estimé) Little Children s'est fait sentir, et le revoilà avec Tàr, un film ample à la structure connue du rise & fall à propos d'une célèbre compositrice d'origine allemande s'apprêtant à conduire une réinterprétation de la 5e symphonie de Mahler (dont la structure du mouvement fait d'ailleurs écho à la structure globale du film quand on y réfléchit bien). Ainsi, le film nous invite à suivre l'équilibre précaire entre la vie professionnelle et privée de Lydia Tàr (on pourrait presque croire à un film inspiré de faits réels devant la minutie d'informations évoquées et le pedigree réaliste du personnage cité par Adam Gopnik du New Yorker en intro), alors que des accusations et son penchant pour les jeunes demoiselles vienne contrarier les ambitions de la protagoniste et la faire plonger petit à petit dans une spirale anxiogène.
Tàr est le genre de film où sans son interprète principal, le tout n'aurait pas la même majesté : ce qui n'enlève rien à la composition des cadres de Todd Field (la mise en scène est d'une précision souvent sidérante) et une écriture tout aussi chirurgicale en terme de dialogues, le tout enrobé d'une ambiance Berlinoise et aux intérieurs souvent brutalistes conférant au film une certaine âpreté initiale, comme si Field abordait le milieu d'un oeil pas si neutre que cela.
La toute première heure du film est par ailleurs la plus passionnante selon moi, abordant la musique classique dans ce qu'elle représente aujourd'hui, via notamment une séquence de débat à Juilliard tournée en plan-séquence qui est absolument saisissante de maîtrise tout en questionnant ce que l'on doit retenir d'un artiste : sa vie (ses idéologies) ou son oeuvre ?
Un leitmotiv qui va s'appliquer à Lydia Tàr jusque dans la conclusion (excellente du métrage), portée par une interprétation fabuleuse de Cate Blanchett (selon moi on est quasi sur la meilleure performance de sa carrière). Intense à chaque seconde, parlant allemand comme si elle était bilingue, elle illumine chaque plan et je pense qu'on tient très clairement la performance d'actrice de l'année. Le reste du casting est également très bon (et c'est cool de voir notre Noémie Merlant nationale),mais Tàr appartient à Blanchett,et c'est clairement elle qui façonne ce personnage complexe autant que le réalisateur.
En terme de récit pur, le tout aurait pu s'éloigner de quelques sentiers battus (notamment dans sa longue seconde portion), et moins précipiter l'amorce de son dernier segment ( mais on tient là un très bon film tout simplement.
Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de nombreuses récompenses nous a laissé sur le carreau. C’est ce qui s’appelle totalement passer à côté d’une œuvre en quelque sorte. C’est d’autant plus frustrant lorsqu’on sait qu’elle semble être acclamée un peu partout par les critiques professionnels. On sait aussi que d’être acclamé par la profession (presse ou festivaliers) n’est pas forcément synonyme de réussite ou de grand film, ce qui prouve parfois aussi une certaine scission entre les goûts du public et ceux d’une critique prétendument élitiste et déconnectée. Et il est évident avec ce « Tàr », pourtant loin d’être mauvais, que c’est un film destiné à un public très particulier, très cinéphile, très intello et peut-être un peu prétentieux comme l’est ce long-métrage ambitieux mais difficile, exigeant et hermétique, surtout au lors de sa première interminable heure. Parce que oui, il dure près de trois heures. Alors quand on s’y ennuie les deux tiers du temps, que l’on se sent exclu du processus et que l’on ne comprend pas ou l’on ne goûte pas à ce qui est dit, c’est vraiment très long.
L’idée de départ est plutôt alléchante. En effet, le cinéaste très rare Todd Field (trois films seulement en plus de vingt ans) nous propose le biopic d’une chef d’orchestre berlinoise immensément connue. Et plus le film avance (et si on ne s’est pas renseigné avant), on s’interroge sur cette présumée figure de la musique classique contemporaine. Sauf que le coup de maître du script de « Tàr » est qu’il est en fait un biopic fictif puisque ladite Lydia Tàr a été inventée de toute pièces. Donc Field tricote un passé et une biographie à une artiste complètement imaginaire. Après la flamboyance de « Elvis » et le trouble magnétique de « Blonde », deux immenses biopics, c’est l’année des films de ce type originaux et novateurs. Sauf qu’hormis cette idée maligne, le reste ici est soit fastidieux, soit poseur, soit inintéressant pour tout profane de musique classique et de ce milieu en général. Car durant une bonne moitié de cette œuvre, on a droit à des tunnels de dialogues abscons sur le sujet ou des logorrhées verbales tout aussi peu engageantes, moulées dans un film austère et plat que seuls quelques moments ravivent (la scène pivot de l’étudiant par exemple).
Une fois que l’on a compris que ce biopic était imaginaire, on adhère peut-être un peu plus à l’ensemble et une affaire de mœurs va venir redonner de l’intérêt à ce « Tàr » après en avoir été écarté durant plus d’une heure d’ennui total. Là on comprend un peu mieux où veut en venir le film et son réalisateur entre constat contemporain des diverses formes de la cancel culture, du wokisme et des mouvements féministes exacerbés. Le fait que ce soit une femme aux prises avec cela inverse intelligemment la donne et met à jeu égal pas mal de choses de manière fine et passionnante. Sauf qu’on a l’impression que le film effleure bien trop ses thématiques certes très présentes en ce moment mais qui auraient pu être traitées différemment ici. Malheureusement le long-métrage se perd constamment en digressions peu intéressantes et en scènes de confrontation où on ne sait même pas qui est qui. Alors oui cette mise en scène très rigide qui refroidit au début, c’est le cas de le dire, développe une beauté rare. Il y a aussi quelques fulgurances, mais ce film trop ambitieux (et prétentieux) qui se gargarise de lui-même semble vraiment être réservé à une catégorie de spectateurs très persévérants. En revanche, il parle de la pandémie de manière discrète mais intelligente contrairement aux films avec acteurs masqués de Claire Denis.
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