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    L'Envol
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    3,2
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    48 critiques spectateurs

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    traversay1
    traversay1

    3 638 abonnés 4 875 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 janvier 2023
    Après un remarquable Martin Eden, L'envol, inspiré d'un roman russe publié en 1923, confirme le goût de Pietro Marcello pour les adaptations littéraires et son excellence en la matière. Dureté et féérie cohabitent dans ce film situé dans l'après guerre de 14-18, jusqu'aux années 30, qui a des allures de conte avec ses sortilèges et ses malédictions, où le réalisme se fait parfois musical ou magique. Contrairement à ce que son titre suggère, le long-métrage ne s'envole pas vraiment mais reste à une belle altitude pendant toute sa durée, proposant une très tendre relation père/fille, seuls ou presque face à l'hostilité d'un village. Avec une maîtrise parfaite des ellipses temporelles et un sens du cadre affirmé, Pietro Marcello parvient à rester cohérent dans sa narration et à nous attacher à ses personnages principaux, tout en recréant avec talent la rudesse d'une époque dans la région picarde. Il n'y a rien à redire à l'interprétation des comédiens les plus connus, soit Noémie Lvovsky et Louis Garrel, mais ce sont bien Raphaël Thiéry et Juliette Jouan qui donnent le plus dans L'envol, la dernière, en particulier, qui démontre, dès son premier rôle d'importance dans un long-métrage, un naturel et un charme confondants. Issue d'une famille d'artistes, professionnels ou amateurs, cette jeune caennaise est plus qu'une promesse pour le cinéma français.
    Critique Facile
    Critique Facile

    98 abonnés 116 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 août 2022
    https://leschroniquesdecliffhanger.com/2022/05/18/lenvol-critique/

    De l’art, il en est gracieusement question dans L’envol, pour ce véritable conte musical. Il y a la voix de Juliette, enivrante et douce quand elle chante l’amour comme la perte, où elle envahit alors l’écran. Il y la voix de Juliette et aussi les mains de son père, Raphaël. Des mains, comme une métaphore de ces destins familiaux. Elles sont dures, abîmées, calleuses, crevassées et presque difformes. Mais elles sont aussi celles de l’artiste, du sculpteur, du graveur, véritable écrivain du bois. C’est ici tout le délicieux sel de ce film, oscillant parfois certes avec des bizarreries totalement assumées et une pure histoire d’émancipation féminine dans les liens de Juliette au fil de son développement. Ce récit d’émancipation est porté par cet espoir fou et cette bouleversante beauté des rêves de la jeune fille.

    Au final,  L’envol , c’est un univers en soi et en soie. Le risque de répétition est ici utile, tant ce film est gracieux, poétique et surtout, mais surtout, offre au spectateur le plus beau et universel des cadeaux : l’espoir.
    Cinememories
    Cinememories

    487 abonnés 1 466 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 13 juin 2022
    Pour l’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, Pietro Marcello (Martin Eden, Bella e Perduta) est appelé à embrasser nos attentes les plus folles, notamment celle d’un film d’époque, tourné en France et en français pour l’occasion. Il y adapte le roman « Voiles écarlates » de l’écrivain russe Aleksandr Grin, évoquant une romance universelle et dont la modernité est apportée par le cinéaste. Le ton se prête ainsi au conte, où un crépuscule offre une seconde chance à une famille reconstituée. Père et fille doivent venir à bout de certains regards méfiants et harceleurs dans le but de s’évader un peu plus de ce village, empoisonné par le même déni qui le conditionne à une vie sédentaire et en suspension.

    Un homme boiteux (Raphaël Thiéry) revient de la Grande Guerre et retrouve dans son nid une enfant, orpheline de sa mère. Ce mari endeuillé traverse donc cette étape avec une force de caractère qui lui vaut une place dans la menuiserie, là où il s’efforcera de polir le bois et d’éliminer la graisse qui occupe ses pensées. Blessé par la guerre et par les regards du village, il n’est pas forcément le bienvenu et le climat généré par la masse témoigne d’une animosité constante, jusqu’à ce que cela se répercute sur la génération suivante. Le deuxième acte catapulte ainsi la jeune Juliette dans un monde froid et qui ne manque pas de lui rappeler sa différence, elle qui rêve d’un ailleurs meilleur, loin des bois, proche des cieux. Juliette Jouan lui offre ainsi une présence unique, nourrie par une prophétie qu’un certain ermite (Yolande Moreau) viendra défendre, au moment où toute fuite pourrait sembler vaine et contre-productive.

    Si la joie anime Juliette, elle devra traverser mille peines avant de goûter au soupçon romantique qu’on lui destine. L’étude passe de la violence rurale à l’émancipation d’un mode de vie porte en elle les rivalités et les contradictions qu’il convient. Ce n’est pas exécuté avec une mise en scène sophistiquée et on restera assez académique de ce côté-là, mais le fameux grain, raccordé à des images d’archives, finit par donner de la consistance pour une narration fluide. Jean (Louis Garrel) tombe alors du ciel pour des raisons d’ego et une maladresse qui compense sur son charme. Ce pilote et aventurier possède les atouts qui pourraient délivrer Juliette de la haine qui s’abat sur sa famille, mais il lui reste assez de temps pour l’apprentissage. Le reste du récit se consacre d’ailleurs à trouver une musicalité, à l’image de l’opéra, qui évolue et transcende ses personnages.

    Un tel procédé pourra en noyer plus d’un dans les marécages, tandis que les autres finiront par saisir « L’Envol » que Marcello entretient. D’un conflit à un autre, l’héroïne devra se résoudre à laisser passer l’orage sur son domaine, où la qualité du bois est aussi éphémère que la promesse d’un père qui n’est plus tout jeune. Le film hésite ainsi, en jouant la carte de l’émerveillement, au milieu d’une fièvre qui empêche Juliette d’avoir son libre-arbitre. Malgré l’indépendance et l’autonomie qu’on lui reconnaît, il serait dommage de passer à côté de sa vulnérabilité, qui lui offre un bien meilleur développement, qu’un dénouement au peu trop terre-à-terre.
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