La haine sans fin
Arnaud Desplechin c’est : La Sentinelle, Rois et reines, Un conte de Noël, 3 souvenirs de ma jeunesse, Jimmy P., Roubaix, une lumière, pour le meilleur, mais aussi, L’Aimée, La Forêt, Les Fantômes d’Israël, pour le moins bon. Je crains fort que ces 108 minutes de drame ne fassent partie de la deuxième catégorie. Un frère et une sœur à l’orée de la cinquantaine… Alice est actrice, Louis fut professeur et poète. Alice hait son frère depuis plus de vingt ans. Ils ne se sont pas vus depuis tout ce temps – quand Louis croisait la sœur par hasard dans la rue, celle-ci ne le saluait pas et fuyait… Le frère et la sœur vont être amenés à se revoir lors du décès de leurs parents. La critique institutionnelle hurle au génie, mais le spectateur lambda est très loin de goûter cette interminable crise d’hystérie en permanence entre alcool, Tranxène et opium. Epuisant.
Arnaud Desplechin a tenté de répondre à la question suivante : peut-il y avoir une fin à la haine ? Sa réponse semble désespérément négative. Le film raconte la relation conflictuelle entre deux individus, certes, en semant des indices sur les raisons de cette haine mais sans y apporter une réponse définitive. Et donc, le spectateur est tenu à l’écart de ce drame familial sans autre grain à moudre que cette hystérie collective entrecoupée de pleurnicheries et de hurlements ? Ça se voudrait simple mais c’est surtout pédant et emphatique. En vérité, ce retour à Roubaix, la ville natale, est un gros raté. Insupportable !
Et pourtant, au casting, il y a du lourd. Mais voilà, les Marion Cotillard, Golshifteh Farahani, Melvil Poupaud, Cosmina Stratan, Max Baissette de Malglaive, Patrick Timsit, sont prisonniers de situations et de dialogues outrés. On s’ennuie autant que. Et je ne suis pas sûr qu’ils aient, eux non plus, compris les tenants et les aboutissants de ce puzzle grandiloquent touchant aux thèmes de la famille, la mort, la maladie, le poids des héritages, les non-dits, l’ambivalence des sentiments… Que de pathos ! Et comme je ne fais pas partie de la caste des critiques reconnus, on me fait bien comprendre que tout cela me dépasse et que je suis sans doute bien incapable de reconnaître le génie de Desplechin. Mais lui, il a la carte – comme on dit -, moi non !