Ca part très bien. Les deux premières séquences coups-de-poing sont plus qu'impressionnantes. Arnaud Desplechin sait filmer, quand il veut, même si par la suite il va surtout user et abuser du très-très gros plan, avec vue imprenable sur les pores dilatés et les poils de nez.
Plus le film progresse, plus ça s'effiloche, plus ça s'embrouille, avec des retours en arrière pas toujours évidents ou indispensables (la rencontre entre le frère Louis et sa future femme) , et on en a très vite par dessus la tête, de cette dingue hystérique et méchante et de cet ivrogne drogué velléitaire. Marion Cotillard est exécrable. Elle arbore d'un bout à l'autre de ce (bien trop) long film la même mimique; bouche fermée étirée en un long sourire qui fait saillir les pommettes avec au dessus les yeux qui pleurent. Ah, elle pleure beaucoup aussi, carrément.... mais toujours avec le bouche qui sourit un peur. On peut lui attribuer sans trembler le César de la pire actrice de l'année. Donc, au total, le film est juste bête.... et mal joué.
Ce qui m'attriste, voyez vous, c'est qu'il y a une très belle idée de départ, rarement traitée: les haines à l'intérieur d'une fratrie. J'en ai tant vues! Souvent elles éclatent au grand jour au moment du décès des parents. L'Un estime recevoir moins que l'Autre. Il est frustré et désormais ne veut plus voir l'Autre. A cause de l'argent? Pas vraiment en fait: l'argent, ça lui fait juste penser qu'il est moins aimé. Et alors, remontent à la surface toutes ces blessures de l'enfance. Toutes ces rancoeurs vis à vis des parents, forcément injustes. Ces petites humiliations mal oubliées. (Pour Louis, son père l'a toujours méprisé. Et sa mère était si dure....) Un sujet à traiter en délicatesse par Comencini ou les frères Dardenne... mais là, ce n'est pas du tout de cette subtilité qu'il est question.
Alice, l'ainée de la fratrie, est la préférée de ses parents et l'idole de ses petits frères. Jusqu'au jour où Louis, le poète velléitaire (Melvil Poupaud qui sauve le film!) est publié! de sujet, il devient lui aussi personnage, et important, et sa soeur dépossédée se met à lui cracher sa haine. Assez répugnante l'héroïne. Alors Louis la met en scène dans les romans qu'il va publier, et pas dans un bon rôle.... Elle est devenue actrice, elle est la vedette (bon, du théâtre de Lille, restons modestes) et lorsque les parents sont hospitalisés après un très grave accident de voiture, elle interdit à son frère de s'approcher de l'hôpital quand elle même s'y rend. Et, de son côté, elle passe son temps avec une admiratrice, une pauvre fille réfugiée qui l'idolâtre.... Ah, être idolâtrée, encore et toujours, et peu importe par qui! Quelle sale bonne femme!
Louis n'écrit plus, il retape une ferme dans un endroit perdu et magnifique des Pyrénées avec son épouse Faunia (Golshifteh Farahani qui est devenue... plantureuse. Ces sublimes iraniennes abuseraient elles du loukoum? et qui arrive à jouer aussi mal que la Cotillard, avec exactement la même mimique et ce sourire tête-à-claque).
Entre les Etéocle et Polynice de Roubaix, pour essayer de comprendre et de les aider, il y a le jeune frère homosexuel (Benjamin Siksou) -dans tout film chic, il y a forcément un homosexuel parmi les personnages principaux, sinon on ne serait plus respecté dans le dixième arrondissement-, et l'ami plein de bonne volonté des deux garçons, Zwy (Patrick Timsit)
Rien n'est crédible, tout sonne faux. Quant à la fin, prévisible car trop improbable, elle est juste grotesque...