Mélo dans l’air du temps
Il s'agit de l'adaptation de la pièce de théâtre homonyme mis en scène par le réalisateur, Alexis Michalik, qu’on surnomme plaisamment dans le milieu le « Mbappé du théâtre ». Il faut dire que tout ce qu’il touche se transforme en or. Katia et Justine tombent amoureuses. Malgré la peur de l’engagement et le regard des autres, elles décident de faire un enfant, laissant le hasard décider de qui le portera. Mais alors que Katia tombe enceinte, Justine la quitte soudainement. 12 ans plus tard, Justine est retournée à une vie rangée et Katia, qui a gardé l’enfant, apprend qu’elle est condamnée. Contrainte de trouver en urgence un tuteur pour sa fille, elle se tourne vers sa seule option : son frère William, écrivain cynique et désabusé… 90 minutes pendant lesquelles, à aucun instant, on a l’impression figée de théâtre filmé. Un petit miracle.
Michalik nous dit : Au théâtre on raconte, au cinéma on montre. Le théâtre est un art où la parole est au centre de tout, où les acteurs racontent une histoire ; au cinéma, c’est la caméra qui filme une histoire. Et sa caméra est virtuose, son montage nerveux et inventif, sa photographie solaire et sa direction d’acteurs et d’actrices sans faille. En vérité, il y a ici deux histoires d’amour. Celle évidente entre Katia et Justine mais, en second plan, une seconde entre le frère et la sœur, deux caractères trempés qui s’affrontent mais qui, au final, sont toujours là l’un pour l’autre. Ce drame – où l’on n’oublie pas de rire -, dégage une énergie contagieuse. Vivre, c’est aimer entend-t-on dans le film, et c’est aussi ce cinéma-là, typiquement français, qu’on aime, celui qui assume pleinement le mélo et qui le sublime.
Une des très belles idées du réalisateur est d’avoir fait confiance aux actrices de théâtre qui avait défendu sa pièce. Aussi, Juliette Delacroix et Marica Soyer sont de magnifiques découvertes pour le public des salles obscures. Comme d’habitude, Alexis Michalik, comme d’habitude est épatant sans oublier la présence onirique de Pauline Bression, et la formidable Léontine d’Oncieu. Un casting en béton autour d’un grand auteur qui se double d’un grand réalisateur.