L'histoire de Saw X dresse un énième réquisitoire contre l'injustice de ce bas monde. Mais à défaut de jouer les justiciers en faveur des petites gens trompés par la nature vilaine de l'être humain, c'est à lui-même que John Kramer devra faire justice. Dupé par un groupe d'escrocs déguisés en médecins qui prétendent soigner tous types de cancer même ceux en phase terminale, Jigsaw se rend compte de la cruauté de ses détracteurs qui jouent sur l'unique corde sensible restante au personnes malades, qui est l'espoir de guérir et vivre une vie normale, afin de leur extorquer de l'argent, profitant de leur faiblesse physique et émotionnelle. Loin de ses huis-clos habituels, c'est en nous faisant voyager avec lui au Mexique que Kramer met en scène ses pièges macabres. On a à faire ici à un scénario qui se trouve loin de ce que la saga nous propose habituellement, l'histoire étant beaucoup plus introspective et centrée sur le personnage principal de la série. Là ou les autres Saw nous font douter de la nature justicière de Jigsaw, le faisant même passer pour un tueur en série assoiffé de sang qui utilise le prétexte de l'injustice pour tuer des gens de sang froid, Saw X nous fait ressentir de l'empathie envers ce même tueur en série, trompé par le vice dont fait preuve l'être humain, qui lui a promis la guérison et l'espoir mais qui au final ne l'a laissé qu'avec un compte en banque vide. Spoiler :
Les pièges mis en scène sont loin de concurrencer les plus macabres et sanglants de la série. Loin d'être un fan de gore et de body horror, les pièges de ce Saw ne m'ont étonnamment pas fait tant sourciller que ça (à part le piège où Valentina doit se couper la jambe et où tous genres de fluides corporels sont visibles, même si ce piège manquent cruellement de réalisme, personne n'arrivera en pratique à se couper un membre aussi puissant que la jambe et se trancher le fémur avec un simple fil de fer). Le piège qui tenait Gabriela prisonnière est même trop simple à outrepasser, on pourrait limite croire que Jigsaw a fait preuve de favoritisme, ce qui va à l'encontre même de la justice, donc qui contredit l'essence même et la valeur prime prônée par la saga). Le piège qui retenait Matteo est lui assez fade et incompréhensible (devoir s'ouvrir la boite crânienne afin d'en extraire un hémisphère cérébral assure généralement une mort quasi certaine, donc impossible d'en ressortir vivant). Cependant, la référence au masque Inca truffé de piques est sympathique car assez cohérent avec le contexte du film. Le pire piège reste selon moi le dernier : Même si le plot twist est assez réussi, même s'il reste prévisible, le piège où se sont retrouvés Cecilia et son mari est très peu réfléchi et ne reflète pas du tout le génie de Jigsaw. Il est même frustrant, car le fait que Cecilia ait pu en ressortir vivante sans aucune séquelle laisse un goût d'inachevé en bouche, et le film se terminant sur ce fait est pour moi vraiment dommage. Pour finir, l'esthétique du lieu de torture n'est as aussi crade et cheap, nous sommes loin des garages décrépis et des salles de bain insalubres habituels de la saga. Cela ne change pas grand chose à mon avis général, qui est que le film a su prendre un rebond positif après le vide scénaristique des derniers opus.