Cinéma Paradiso à l’anglaise
Depuis 1999 et son magnifique American Beauty, Sam Mendes ne m’a jamais déçu. On se souvient avec plaisir et émotion des Noces Rebelles, Les sentiers de la perdition, Skyfall, 007 Spectre et dernièrement 1917. Aujourd’hui, quand on me dit que ce drame dure 120 minutes, j’ai du mal à le croire, tant elles passent vite. Hilary est responsable d’un cinéma dans une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe... Une nouvelle ode au 7ème Art, bouleversante et esthétiquement très réussie. Sam Mendès est un grand.
C’est le premier scénario que Sam Mendes a entièrement écrit ex nihilo, sans la contribution d'aucun autre auteur. Il s'est inspiré de ses souvenirs et de ceux de ses amis d'enfance qui ont traversé, les années 70, un moment de grands bouleversements politiques au Royaume-Uni, dans un contexte inflammable de racisme et en même temps, une période incroyable pour la musique et la culture en général très créative, très politisée, très galvanisante. Pour la 5ème fois, Mendès a fait appel au directeur de la photographie Roger Deakins, quinze fois nommé et deux fois primé aux Oscars. C’est un des grands atouts de cette production avec une multitude de plans dignes des tableaux d’Edward Hooper. Ils ont trouvé à Margate, une ville située sur la rive nord du Kent, dont l’envergure confère une poésie et une dimension toute cinématographique, un lieu idéal pour planter leurs caméras. - C'est là que Turner a peint ses toiles les plus célèbres, parce que, disait-il, le ciel y était le plus beau d'Europe -. La musique est également un élément clé du film. Mais outre ces réussites techniques et un scénario virtuose, le casting s’avère prépondérant dans la réussite de cette pépite que tous les amoureux du cinéma doivent courir voir… Un must !
En 20 ans de carrière, la magnifique Olivia Colman se sera surtout consacrée aux séries et au doublage de films d’animations. Et c’est bien dommage, car à chaque fois qu’on la voit sur grand écran – La favorite, The Father, The Lobster -, c’est un régal. Elle donne ici encore une démonstration de l’étendue de son talent. Son couple avec Micheal Ward, - pour son 1er grand rôle -, fonctionne à merveille. Citons encore Toby Jones, Colin Firth, Tom Brooke, Tanya Moodie, Hannah Onslow, Crystal Clarke, tous à la hauteur des ambitions d’un grand film. Encore un film magique, chaleureux et puissant sur l’amour que l’on peut – que l’on doit – porter à cet art pas comme les autres, mais qui n’oublie pas en route son drame social et sa romance impossible. Tout est là, pour un nouveau chef d’œuvre. Quand on pense que Sam Mendès a encore 5 films à sortir….