A vrai dire, j'ai du mal à retrouver le metteur en scène enthousiasmant, presque à la limite du sulfureux, des Sentiers de la Perdition et d'American Beauty. Il y a quelque chose de mou et de préchi précha dans Empire of Light, qui empêche de se passionner pour ce qui se passe sur l'écran.
Mais il y a en fait plusieurs films dans le film, plusieurs thèmes dont l'un auquel on adhère complètement: une déclaration d'amour au cinéma. Au cinéma de Papa. Au cinéma Paradiso. A ces salles solennelles peluchées de rouge, où on se rendait comma à une fête (et, pour que la fête soit complète, avec une confiserie ou un sachet de pop-corn), pour voir la sortie de la semaine sur grand écran -pas un mouchoir de poche, pas un écran d'ordinateur ou, pire, de smartphone!
Ca se passe dans une de ces villes balnéaires anglaises où il faut être anglais pour avoir envie de se baigner. Le cinéma donne sur la plage, majestueux, énorme -toute une partie est désaffectée d'ailleurs-, sous un grand toit terrasse. Hilary (Olivia Colman) en est la gérante. On sait dès le départ qu'elle est bipolaire puisqu'on la voit chez son médecin traitant qui lui prescrit du lithium. Mais elle semble très bien, souriante et attachée à ce cinéma qui est son univers. A part ça, elle pratique la danse de salon et sa vie sentimentale se résume à des étreintes brèves, particulièrement peu romantiques, avec le patron du cinéma (Colin Firth, oh comme il a vieilli lui qui était si séduisant...)
Arrive un nouvel employé, Stephen (Micheal Ward), qui est jeune, beau et noir. Qui a été reculé à l'université d'architecture et est harcelé par les skinheads, du genre racistes, néonazis et amateurs de battes de base-ball. Hilary se charge de le former et ces deux marginaux se soutiennent mutuellement. Malheureusement Sam Mendès fait dégénérer cette histoire d'amitié, de solidarité, en liaison et là, franchement, ce n'est plus trop crédible. A noter un très joli second rôle, Norman (Toby Jones), le projectionniste fou de son métier et du cinéma, tellement heureux d'initier le nouveau à la technique de projection (ouais, ça se faisait pas tout seul dans ce temps là..)