Aimant beaucoup le cinéma de Sam Mendes, "Empire of Light" était une évidence pour moi, même avant de voir le film. Je sentais venir le projet vraiment excellent et qui allait parfaitement fonctionner sur moi, et j'avais totalement raison ! Avec des décors et un budget plus restreint que ces dernières productions, le metteur en scène a choisi de proposer un récit plus intimiste avec ce projet. Basant son film durant les années 80, il place son environnement dans une société où les valeurs étaient bien différentes de celles que nous connaissons actuellement. Le film créait donc une romance entre deux personnes subissant une tyrannie de leur société, pour pouvoir développer ces thématiques. Du côté de l'excellente Olivia Colman, qui livre une performance extraordinaire, l'objectif est de traiter la place de la femme dans le monde de l'époque. Les mœurs avaient déjà commencé à changer, mais beaucoup de choses étaient encore compliquées pour elles. Sous pression de n'être qu'un objet et après avoir été traumatisé par d'anciennes relations, Hilary est un personnage extrêmement torturé et complexe. Quant à Stephen, le racisme sera évidemment traité tout au long du récit. La relation entre ces deux personnages va donc être très intéressante à observer, chacun ayant leur complexité et leur difficulté. Le film traitera cela avec beaucoup de pudeur, mais en ne se privant pas de montrer ces sujets via un réalisme assez dur. Le but n'est pas de s'apitoyer sur le sort de ces personnages et de revenir sur ce type de dénonciation que l'on a déjà vu des centaines de fois. L'objectif du film est de montrer nos héros en souffrir, mais surtout, de montrer la libération de leurs chaînes. Globalement, le long-métrage ne tombe jamais dans une représentation victimaire de ces personnages, mais uniquement dans un ensemble cruel et teinté d'optimiste. Une vision positive qui peut paraître niaise, mais qui est pourtant très efficace. Le point de vue de Stephen sera surtout dominé par le fait de poursuivre ces rêves quoi qu'il arrive, une vision un peu classique, mais qui est assez bien mise en perspective par le film. Et du côté d'Hillary, j'ai particulièrement aimé ce que sa relation avec Stephen va apporter, notamment par l'apport du cinéma. Tout son développement sera sur l'oppression et sur le renfermement, mais j'aime beaucoup l'idée de la faire prendre conscience du "besoin d'évasion". Une évasion qui sera mise en avant par le cinéma, un lieu qu'elle voit souvent, mais dont elle n'a jamais profité. Par ailleurs, j'aime beaucoup cet apport, et je pense que tous les amoureux du cinéma pourront s'y reconnaître, ainsi que toutes les nombreuses références et clins d'œil à apprécier. Le film est vraiment beau au sens large du terme, et réussit vraiment à viser juste. Le réalisateur a parfaitement compris son sujet et l'a très bien retranscrit à l'écran. Avec une esthétique simple, mais léchée, et un casting en grande forme, j'ai beaucoup apprécié mon visionnage. Clairement, Sam Mendes montre qu'il sait aussi proposer des œuvres plus personnelles et il se place vraiment dans les plus grands réalisateurs de ces 10 dernières années désormais. Pour conclure, une petite gifle.