https://leschroniquesdecliffhanger.com/2023/03/02/empire-of-light-critique/
Empire of light porte parfaitement son nom tant il en émane un tellement passionnant esthétisme si caractéristique de l’univers de Sam Mendes. Le cinéma en bord de mer de cette station balnéaire n’est jamais filmé sous l’angle de la carte postale inanimée en mode quasi nature morte. Non, ici, avec Roger Deakins en directeur de la photographie, pour sa cinquième collaboration avec le réalisateur, c’est la folie des lumières poétiques qui s’entremêlent, la symétrie millimétrée des images qui capte subliminalement le spectateur, et la justesse de l’enchaînement des images toujours assez surprenantes. Ça, c’est pour la forme.
ur le fond, sa façon bouleversante de disséquer la souffrance psychologique avec cette musique toujours à la note près qui démarre au moment opportun de Trent Reznor et Atticus Ross, apporte ce pouvoir mélodramatique si pesant et prenant. Nous ne sommes peut-être pas dans la pureté originelle de American Beauty (1999) du même réalisateur, mais on l’effleure, et déjà c’est beau. On pourrait presque reprocher à Empire of light une légère dispersion dans son arc narratif si dense et peuplé. Car justement, le cinéaste traite avec une telle profondeur ses sujets, ses objets, que fallait-il en mettre autant… Il existe dans Empire of Light presque trop de films en un.
Entre cette déclaration d’amour sublime au cinéma très en vogue dans le moment, en érigeant avec tendresse et subtilité sa diffusion de l’époque au rang d’art, avec ses magnifiques ouvriers, tel des sculpteurs et peintres de la bobine, du guichet à la projection. Le projectionniste « se donnait au public » dira Sam Mendes. Mais aussi la question raciale, avec cette bêtise crasse de l’immonde intolérance, qui définitivement n’a jamais d’âge. Et bien sûr cette bouleversante histoire d’amour entre Hilary et Stephen. Bouleversante car forcément entravée en permanence par leurs statuts, par l’âge, par sa folie à elle et ses projets à lui. Pour autant, quelle électricité quand ils sont ensemble…Cette façon de filmer les corps, les visages, les mouvements, c’est la poésie du grand cinéma de Sam Mendes, on en sort peut-être un peu assommés, mais tellement rassasiés.
Empire of light est une ode poétique aux facettes multicolores assez inépuisables. Véritable déclaration d’amour au cinéma, qui nous dit bien à quel point l’espoir naît quand la lumière disparaît.